L
es éditions « Ego comme X » publient en un seul recueil différentes histoires autobiographiques de John Porcellino. Depuis 1989, cet auteur américain auto-édite outre-Atlantique ses nouvelles dans King-Cat. Les choix se portent sur l’enfance et surtout l’adolescence de Jonh P (c’est ainsi qu’il est souvent nommé). Le lecteur suit la vie de tous les jours d’un jeune homme qui a dû mal à comprendre ce qui l’entoure, un petit gars qui cherche sa place dans la vie, un personnage préférant la contemplation à l’action, en résumé les difficultés d’un adolescent de la banlieue de Chicago.
Même si ces thèmes ont souvent été abordés, le traitement de John Porcellino ne laisse absolument pas indiffèrent. Dès le début de la lecture le dessin marque, ou plutôt se démarque de la production actuelle, par un trait épuré à l’extrême, pas de soucis du détail (que cela soit pour les décors ou pour les personnages), une place énorme laissée au blanc, au vide. Tout tend à la simplicité. On se retrouve avec une contradiction : Un blanc «éclatant» donnant une fausse impression de naïveté et d’optimisme ; pourtant une partie du récit est sombre et pessimiste.
John P se livre entièrement mais là aussi sans trop en dire. Il décrit des impressions, des sentiments mais avec beaucoup de retenue. Ainsi même les dialogues sont presque absents. C’est au lecteur à faire l’effort pour le comprendre, les non-dit sont importants dans une bonne partie du livre. Puis, doucement mais sûrement, l’auteur appuie son idée par un discours plus prononcé. Il commence à parler ouvertement de son mal-être, de ses sentiments. Il s’ouvre tout simplement.
Il y a le Chester Brown de « je ne t’ai jamais aimé » chez John Porcellino. Il va tout de même plus loin dans la simplicité, dans l’évocation. Mais il va peut être trop loin, car il y a un coté glacé qui se dégage de Moon Lake trails, une barrière invisible qui s’installe entre le lecteur et les personnages. La mise en scène se retrouve du coté du cinéma, la comparaison avec Gus Van Sant et son Elephant saute aux yeux. Mais là où le réalisateur captive dans une grande partie du film, l’auteur le fait avec plus de parcimonie. En revanche, quand il y parvient, ça touche au magique.
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