E
t si Charles Perrault, pour le besoin de sa morale de fin, n’avait pas raconté toute l’histoire du Chat Botté ? Et si ce chat, manipulateur et égoïste, devenait à son tour victime des absurdités de ce conte ? En effet, suite à un jeu de mot cocasse, le chat se retrouve pourchassé par une montagne (!) persuadée qu’il a tué son fils, Ogre transformé en souris (relisez le conte pour plus de détails). S’ensuit une course-poursuite pas vraiment foudroyante, les Montagnes ne courant guère vite, mais aux pérégrinations toujours surprenantes. Et le chat, malin entre tous, trouvera, n’en doutons pas, la solution à tous ses malheurs…
L’auteure, Nancy Peña, se met ici en scène par le biais des commentaires complices de ses personnages
(« - Qui peut avoir des idées aussi absurdes ?
- l’auteure.
– La peste soit de ces bonnes femmes et de leur imagination débordante ! »),
cet humour décalé étant assez représentatif du délire plaisant que conte cet album.
Le dessin, tout en rondeur, offre un panel d’expressions dont les personnages usent avec gourmandise, devisant avec le plus grand sérieux sur des sujets bien étranges. La mise en page, elle, est un délice visuel, les personnages se baladant sur le papier comme sur un chemin et se retrouvant au détour d’une case au gré des caprices de miss Peña.
Ce premier volume, exubérant mais d’une tenue formelle irréprochable (les dialogues sont au-dessus de tout soupçon), force le respect. Merci donc aux éditions 6 pieds sous terre et à l’auteure (elle y tient, à ce "e", apparemment) pour ce petit délice d’absurdité. Et vivement le tome 2 !!
Chronique de la Ligue de la Mer
Malgré le plébiscite autour des nouvelles aventures du chat botté, je dois dire que je n'ai pas accroché plus que cela. Je sens bien qu'il y a de l'inventivité à redonner un autre concept en manipulant les contes de fées d'autrefois (genre Perrault et La Fontaine). Objectivement, on sent beaucoup d'intelligence dans la construction de ce récit où même l'auteure devient une actrice majeure.
Le format me semble trop petit et pas trop adapté. Il y a des planches où j'ai commencé à lire dans un mauvais ordre ce qui m'agaçait au plus haut point. Bref, il n'y avait pas une véritable construction logique de l'espace à la manière d'un Will Eisner par exemple.
Sans doute était-ce l'une des premières bd de Nancy Pena et on pourra pardonner toutes ces maladresses. D'autres ouvrages du même auteur m'ont semblé un peu plus aboutit notamment Le Chat du kimono où elle s'exprime véritablement avec talent et grâce.