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handy a réussi son rêve : il est entré dans la Grande Armée, et parmi les dragons s'il vous plaît. Malgré sa crainte de combattre des sujets britanniques, il sert vaillamment l'empereur. Mais des découvertes vont le forcer à réviser sa vision des évènements de Versailles : Dorigo est revenu d'entre les morts, et il n'est pas le seul. Désormais aide de camp de l'empereur, quelles embûches va-t-il placer sur les pas de Shandy ? Et celui-ci survivra-t-il à la bataille d'Austerlitz, grandiose mais ô combien meurtrière ?
Le premier tome se terminait dans une apothéose : Dorigo est mort, Agnès est morte, Shandy est meurtri mais victorieux. Seulement il faut un tome 2, et aucun autre personnage n'était assez marquant pour revenir dans un nouvel épisode. Alors Matz a utilisé la formule connue du "on prend les mêmes et on recommence". Ils sont morts ? Pas grave ! Le scénario en lui-même tient en quelques pages, étoffées de scènes de bataille. Seulement, à force de se répéter, les vignettes ne marquent pas les mémoires, l'une poussant l'autre. On a la sensation d'assister à du remplissage, à deux tomes qui auraient pu tenir en un seul avec une pagination un peu plus élevée... De nombreuses pistes s'engagent, comme un complot contre Shandy ou un retour de flamme, mais rien n'aboutit, et la fin de l'album laisse tout en suspens.
Graphiquement, Dominique Bertail s'est fait plaisir. Des doubles pages grandioses, des planches déstructurées. Seulement, dans ses moments de pleine liberté, le lecteur ne suit pas, trop occupé qu'il est à essayer de comprendre dans quel sens se lisent les bulles et les vignettes. Shandy fait partie de ces séries que l'on doit avoir plaisir à lire en noir et blanc : le tracé est pécis, les personnages bien campés, le trait nerveux et puissant. Mais la colorisation informatique montre ici ses limites, préférant des à-plats de couleurs vives à un travail de nuances qui aurait pu être extrêmement réussi. On sent un souffle dans les planches de bataille, qui reste bridé par une uniformisation des formes et des couleurs.
On perçoit dans Le Dragon d'Austerlitz la passion de deux auteurs qui ont voulu montrer un rêve. Et le problème principal de l'album est probablement sa dilution, étendant en 46 planches ce qui aurait probablement pu se raconter en 25. Un one-shot composé des deux tomes aurait été dense, mais en tenant le lecteur en haleine il aurait atténué quelques déceptions formelles. Toutefois, qui ne tente rien n'a rien.
Cet album est globalement plut$ôt pas mal. L'intrigue est plutôt intéressante et le fait de faire évoluer Shandy dans l'armée de Napoléon est une bonne idée surtout que graphiquement on a droit à quelques petites merveilles. Malheureusement l'histoire est trop dilluée et là où il y a des pistes très intéressantes, on assiste à la fin de l'album à la montagne qui accouche d'une souris. Il y avait de quoi faire quelque chose d'extraordinaire mais les possibilités n'ont pas été exploitée à leur maximum et c'est bien dommage. De plus reprendre des le personnage d'Agnes, normalement morte à la fin du tome 1, est loin (mais alors très très loin) d'être une bonne idée. Espérons que la suite rattrapera ce malanconteux faux pas.
Plus d'un an après avoir quitté Shandy, on entre dans le vif du sujet. Shandy intègre la cavalerie dans la "Grande Armée". On retrouve les trois personnages principaux du Tome 1, même ceux laissés pour mort reviennent.
Le pseudo-complot se transforme en jalousie, avec un héros qui se déjoue désormais seul de tous les pièges. Bref un retour à un scénario banal.
Le travail de Dominique Bertail, dans ce deuxième tome, est dans la continuité du premier. Avec une amélioration au niveau des couleurs beaucoup moins synthétiques. La disposition de certaines planches sont très originales et intéressantes, avec notemment des cases immenses qui permettent de réaliser l'immensité qu'était l'armée Napoléonienne.
Le tome 2 est nettement mieux que le 1. Les dessins ont plus d'ampleur et surtout l'histoire décole un peu plus. Ya des passages assez "donneurs de leçons en histoire" mais cela montre également la passion visible des auteurs vis a vis de cette période. Le personnage principal est assez suréaliste par son idéalisme et son courage limite très caricaturale. Mais on va dans le bon sens et on passe néanmoins un bon moment. Vivement la suite.