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itchii, l’androïde créé par le professeur Lawton, est convoité à des fins criminelles par le Duc Rouge. Celui-ci se livre également à de diaboliques expériences à partir du développement de tâches noires sur le soleil ce qui a des conséquences immédiates sur l’environnement et menace la Terre de disparaître. Mais l’inspecteur Moustache et son neveu Kenichi veillent ! Ils s’empressent d’adopter Mitchii et de s’opposer aux bandits.
Œuvre de l’immédiat après-guerre (1947-49), Métropolis se veut une réflexion sur la science et son utilisation. Elle laisse donc transparaître les interrogations et inquiétudes du mangaka face aux progrès scientifiques et technologiques de l’époque. Cependant son discours, actuel au sortir d’une guerre qui a laissé le Japon exsangue et dévasté par deux bombes atomiques, peut encore l'être aujourd’hui. Il reflète en outre celui tout aussi désabusé et prophétique du chef d’œuvre éponyme de Fritz Lang.
Le sujet est donc sérieux bien que le traitement paraisse quelquefois simpliste voire caricatural à l’extrême. Pourtant, Osamu Tezuka pointe du doigt les sujets sensibles. Par exemple, en montrant les savants réunis lors de la découverte des tâches solaires, il rend avec une justesse non dénuée d’humour le brouhaha d’une salle emplie de scientifiques sourds aux théories des autres et qu’une telle découverte déconcerte autant qu’elle les stimule.
Préfigurant Astro Boy par les thèmes choisis, Métropolis l’annonce aussi graphiquement. Le dessin a un côté enfantin et simplet qui rappelle les dessins animés de l'époque ou même les tout premiers Tintin. Les influences comme les clins d’œil sont très frappants : les souris géantes ont l’apparence de Mickey ; les apparitions du Duc Rouge évoquent l’atmosphère des Etats-Unis des années 30, Al Capone et les syndicats du crime. L’idée de faire voler Mitchii et de lui donner des super-pouvoirs le rapproche de Superman.
Métropolis bénéficie en outre d'une belle présentation de la part de Taifu Comics et d'une bonne qualité de papier, ce qui peut justifier le coût un peu elevé alors qu'il y a juste 160 pages.
Matrice à bien des égards des mangas suivants de Tezuka, il serait dommage que ce titre n’ait pas le même retentissement qu’à sa sortie en 1949. Et si une certaine déception vient à la lecture pour ceux qui auraient vu le film adapté par Rintaro en 2001, qu'ils n'oublient pas que soixante ans séparent ces deux oeuvres.
Métropolis est un manga one shot d'Osamu Tezuka qui s’inspire directement de l’univers crée par le cinéaste allemand Fritz Lang. La comparaison va s’arrêter là car l’univers du mangaka est purement naïf et déconnecté de toute réalité. Certes, il est bien question d’un petit robot à l’apparence humaine qui évolue dans une grande mégalopole.
Cependant, on ne découvre pas la richesse de l’œuvre du cinéaste en avance sur son temps qui décortiquait la ville basse au peuple et les hauteurs de la ville aux classes dirigeantes. Osamu rend un hommage à l’Occident alors que la période de l’occupation américaine de l’archipel nippon n’était sans doute guère propice à cela. Se faisant, il s’affranchissait de toute rancœur pour épouser un nouveau modèle. On voit d’ailleurs un clin d’oeil assez marqué à Mickey et Disney.
Bref, l’influence est bien celle des comics où il est question de super héros avec de grands pouvoirs. Je dois dire que la fin de ce one shot m’a surpris car ce n’est guère conventionnelle. Le mélange est surprenant. Je pardonnerais toutes les facilités scénaristiques et le côté extrêmement naïf de l’une des premières œuvres de celui qui est aujourd’hui considéré comme l’un des grands maîtres du manga sinon le plus grand.
Dans le futur, l'apparition de mystérieuses tâches noires à la surface du Soleil pourraient menacer à terme l'Humanité. Parallèlement à ces évènements, Mitchii, un robot à l'apparence humaine incroyablement perfectionné, prend vie. Et si tout était lié ? "Metropolis" est une oeuvre essentielle dans la carrière de Tezuka. Graphiquement très maîtrisé, le récit s'avère aussi très consistant, très fluide, et seules quelques petites facilités narratives viennent ternir le tableau. De même, le dessin de Tezuka est encore trop accroché à ses influences américaines et doit encore gagner en personnalité. Un bel album néanmoins, à découvrir !