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ans ce troisième et dernier volet de la série, c'est au tour de Yaphet Kotto d'être à l'honneur. Acculé, presque ruiné et lâché par ses anciens amis il va devoir puiser dans ses derniers retranchement et mettre de coté son code de l'honneur pour se sortir de l'impasse. Le dénouement enfin… ou hélas !
Le choix original de décomposer le récit en visions distinctes d'une même action par ses différents protagonistes, n'est en rien préjudiciable au rythme de l'action. Belle réussite pour Fatima Ammari-B, qui nous offre une conclusion de ce récit décliné en 3 histoires qui stimule la recherche des liens et des différents angles de vues en fonction des albums lus. Ainsi, deux lectures sont possibles, soit en parallèle, ce qui nécessite une table suffisamment grande pour étaler tous les tomes, soit en série. Autre prouesse, les flash-back intermittents dont le rythme s'intensifie en approchant de la chute et qui sont judicieusement placés pour ramener progressivement le lecteur vers ce qui était le point de départ du récit : la fin. Cette technique agit comme un compte à rebours qui en s'accélérant contribue à la montée en pression pour éclore sur un feu d'artifice de couleurs et d'actions. Avant d'en arriver là, le lecteur sera passé par une leçon de stratégie de développement économique appliquée au secteur de la drogue et assénée par un Chester Himes digne des plus beaux golden boy. Un bel hommage à l'écrivain noir américain doublé d'une parodie hilarante. Sans oublier cette leçon d'art moderne dictée par un Priest plus en forme que jamais : une anthologie !
Le dessin de Brüno séduit toujours autant. Son univers graphique est construit, il le confesse, sur ses limites techniques. Détails édulcorés au profit d'une habile mise en perspective de certaines scènes et une finesse des traits contrebalancée par un travail énorme sur les expressions, tant des corps que des visages. Des limites comme celles-ci, on en redemande. Surtout lorsqu'elles sont réhaussées par les couleurs de Laurence Croix, qui sait à merveille se plonger dans l'ambiance des seventies lorsqu'il s'agit de pigmenter les soirées disco ou dans les sombres tons des rues désertées avant le drame. Une belle association déjà présente sur l'incontournable Nemo.
La boucle est bouclée, fin du flash back, retour au début de l'histoire et ouverture possible sur une vengeance qui ne pourra être que terrible si elle voit le jour. A lire absolument.
Voici une série de très bonne tenue tout en ambiance sur le rythme de la blaxploitatin et découpé comme un film de Tarantino. Les trois volumes éclairent la même histoire en donnant la vision d'un personnage différent à chaque fois. Les dessins et le scénario vont très bien ensemble. Du bel ouvrage.