La route (Larcenet)
La Route
L'apocalypse a eu lieu. Le monde est dévasté, couvert de cendres et de cadavres. Parmi les survivants, un père et son fils errent sur une route, poussant un caddie rempli d'objets hétéroclites, censés les aider dans leur voyage. Sous la pluie, la neige et le froid, ils avancent vers les côtes du sud, la peur au ventre : des hordes de sauvages cannibales[…]
Dans certaines séries, il y a des albums qu’il faut vraiment posséder - ou au moins avoir lu une fois. Pour Valérian, c’est typiquement le cas avec l’Ambassadeur des ombres, cet album est franchement excellent.
Rendez-vous sur Point central, construction artificielle et lieu-dit de l’espace où se mélangent et se côtoient d’innombrables races..
Ce sera donc le point de départ de cet opus qui met en avant Laureline, à la recherche de Valerian et l’ambassadeur, qui viennent d’être kidnappés. Et pour obtenir des renseignements, elle dispose d’un atout majeur, un grognon, petite bestiole capable de reproduire à volonté des tas de petits objets de valeur.
Les différentes races croisées sur son chemin ont toutes des particularités qui vont permettre à Laureline d’avancer dans sa quête.
Bref, un album fichtrement bien foutu, à lire impérativement.
Énorme bof. C'est une BD beaucoup trop gentillette et gnangnan. Tout le monde est gentil, idéaliste, rêveur d'un monde meilleur... les seuls méchants sont les corporations qu'on ne voit jamais. Quelques mercenaires ici et là, mais ultimement il ne se passe pas grand-chose dans ces 190 pages si ce n'est des sentiments de "peace & love" perpétuels. À part pour les quelques pages à la toute fin, les péripéties se limitent à éviter des débris dans l'espace et à survivre aux éléments. Le dessin de Singelin est toujours agréable, mais quelle déception. Moi j'aime la forme, c'est le fond que je n'aime pas.
(À noter que Singelin aime très probablement les jeux vidéo dans la vie, parce qu'il nomme ses vaisseaux Ikaruga ou Aleste, tous deux des titres de jeu de genre 'shoot 'em up'. Pas mal sûr que j'ai vu le nom 'Wii' à quelque part aussi.)
Impossible de relire cette série tant le dessin pourtant somptueux de Ledroit n'est pas adapté à la bande-dessinée. C'est avant tout un illustrateur et la lisibilité sur la plupart de ses séries lui fait cruellement défaut. Trop de détails et de cases inutiles. C'est figé malgré une composition de planche audacieuse.
Dommage car l'histoire est plutôt immersive.
Les textes sont minuscules. C'est le problème des artistes qui travaillent sur du très grand format...
Après plusieurs albums de qualité très inégale, Lucky Luke revient avec une histoire beaucoup plus intéressante et solide. Ce dernier doit, en effet, mettre fin à une grève entre des syndicalistes et un patron madré sans avoir à utiliser son colt.
Cette histoire mêlant bière et théories sur le travail apporte un éclairage sur la contribution du peuple germanique aux Etats-Unis d'Amérique en termes de nourriture, culture, musique et traditions à l'époque de la conquête de l'Ouest.
L'humour est très présent et très bien dosé avec des références quasiment sur chaque planche, tout en ne tombant pas dans une forme d'excès. Ici l'humour est au service de l'histoire et non pas le contraire, écueil dans lequel sont tombés les premières tentatives de reprise du célèbre cow-boy.
J'ai bien apprécié certains personnages secondaires qui ont le droit un peu de développement et par conséquent un peu plus de nuances que ce qu'ils pouvaient laisser présager.
Enfin je salue le travail d'Achdé qui est toujours exemplaire depuis ses débuts sur la série.
Au final, un bon album et peut-être bien le meilleur depuis la reprise post-Morris.
Attention chef d’œuvre! Ici l'expression roman graphique prend tout son sens. C'est une vraie histoire, elle a été vécue par Jean Louis Tripp. Mais en plus c'est une vraie mise en images. La dimension graphique apporte beaucoup au récit même si le texte est vraiment somptueux.
L'histoire de cet accident qui a marqué l'auteur, le rapport à la mémoire personnelle et collective, le processus d'exorcisme et de deuil 45 ans plus tard tout cela touche à l'universel.
Bien sur l'histoire est dramatique mais ici l'auteur arrive à faire partager et transcender sa blessure, à lui apporter une dimension humaine qui permet peut être à l'auteur (à lui de le dire), mais aussi au lecteur de réfléchir de dépasser les évènements dramatiques que chacun peut vivre, pour essayer de définir la voie de "l'honnête homme".
Merci pour ce livre.
Franquin et Jidehem (surtout Franquin) s'amusent et nous amusent autour d'un cadre simple: Deux bureaux avec deux personnages (Gaston et Fantasio), du mobilier de bureau et une fenêtre.
Et le postulat reste toujours le même sur l'ensemble des strips : Gaston (qui commence, ça y est, à avoir des cheveux longs) en fait voir des mille et des cents à Fantasio.
Et voila que passe une vache sur plusieurs gags, un Gaston en latex sur plein d'autres aussi, une porte qui bascule sur encore un certain nombres et un gars qui veut faire signer son contrat sur quelques unes encore. Vous l'aurez compris De Mesmaeker est le premier personnage secondaire qui possède un nom et un running gag. Et Franquin étire tout ces thèmes en une multitude de strip ce qui donne l'illusion d'une vrai vie de bureau avec, par exemple, une vache dans les locaux. Et, ça c'est vraiment la force des pantalonnades.
On voit, en fond, des silhouettes de personnages qui deviendront Lebrac, Prunelle et Longtarin sur une ou deux cases mais rien n'est encore défini. Mademoiselle Jeanne, elle, n'existe hélas toujours pas. Le dessin n'est pas encore celui, sublime, que deviendra plus tard l'art de Franquin mais déjà il y a du mouvement, de la vie, de la dynamite.
Bref, l'album raconte une certaine idée de la BD en 57. Mais les gags restent toujours drôles et contemporain quand on le lit en 2020. Avec un maestro au crayon qui deviendra bientôt un maitre du 9ème art grâce, justement, à cette série là
Un petit garçon nommé Aki ne retrouve plus son chemin pour rentrer chez lui alors qu'il est assis sur un banc d'un parc public. Parfois, les parents laissent les gamins se débrouiller tout seul dans la rue. Pour autant, les adultes passants ne semblent pas s'émouvoir d'une telle situation de détresse.
Par contre, il y a un gamin des rues qui ne semble pas indifférent à Aki en voulant l'aider à tout prix à ne pas se retrouver tout seul. Il se raconte qu'une sorcière chasse les enfants à la tombée de la nuit. Est-ce une légende urbaine ou pas ? On se demande alors si notre petit héros court un grave danger en suivant Jizo d'autant que ses réactions semblent un peu étranges.
On est tout de suite séduit par la qualité du traitement graphique avec un trait élégant qui fait dans finesse. On ressent de la poésie mais également de la mélancolie passé l'angoisse de certains moments parfois effrayants. Bref, les dessins mettent en valeur ce triste récit dans la douceur et une certaine pudeur.
Le thème est celui du deuil qui peut nous toucher jusqu'au plus jeune âge. Evidemment, le sujet sera émouvant et sensible sans en dire plus sur les tenants et les aboutissants.
J'ai bien aimé ce traitement imagé qui nous rappelle qu'une sorcière peut être par exemple un mal qui nous atteint lorsque nous cessons de briller. Il faut alors allez au-delà du désespoir, de la colère et du déni.
Je n'avais pas tout de suite compris de quoi il s'agissait au juste mais progressivement, on commence à comprendre et cela peut faire mal au cœur. Ce conte est réellement magnifique dans le message véhiculé et dans la manière d'y parvenir. Il faut savoir également que le Jizo est une statuette bouddhiste qui sert à protéger les enfants.
Un one-shot véritablement très réussi du folklore japonais sur une thématique des plus difficiles. Parfois, le manga peut réserver de très bonnes surprises.
"L'état Morbide" est comme l'annonce son titre : morbide. Ainsi Daniel Hulet nous propose un contenu sombre et glauque avec un jeu de l'esprit habile qui passe par des moments forts et mais aussi des moments bien moins intenses. En effet, la thématique est assez unique, un immeuble qui incarne les esprits et la mort, des habitants également spéciaux qui semblent tous plus étranges les uns que les autres. Tout est sujet à interprétation, difficile d'en dire plus sans spoiler.
Si le rythme est cadencé sur les 3 tomes, ces dernier sont très inégaux en terme de contenu.
Le graphisme de Hulet nous propose un dessin très réussi, spontanée parfois onirique ou abstrait, mais il sait aussi se faire réaliste, une mise en couleur qui malgré les années donne toujours un ton moderne à cet œuvre lugubre et froide. En tout cas, la série mérite lecture même si elle peut diviser.
Super concept graphique, mais j'ai trouvé les personnages trop quelconques, pas particulièrement attachants. L'histoire est une espèce de tranche de vie, mais sans réelle saveur parce que la vie des personnages est trop banale. Dommage, parce que le concept est très intéressant. Le même visuel dans un autre type de récit aurait sûrement mieux fonctionné pour moi.
J'ai déjà tout dit avec les deux volumes précédents. Peut-être faut-il signaler ici une kyrielle de double pages sur lesquelles il faut prendre son temps et décrypter et/ou découvrir tout l'enjeu de ces superbes dessins, suivi de belles illustrations et de trois ou quatre portraits sublimes dont Marcello Mastroianni et Catherine Deneuve, et même Einstein, en observant minutieusement tous les détails. J'adore... "Je n'ai plus de peinture caca" trop drôle... Sans oublier la belle petite histoire à la page 113 au dessin extraordinaire et coloré. A ne pas mettre entre des mains innocentes, idem pour les deux volumes précédents et même n'importe quelle œuvre de Buzzelli. Je recommande.