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hilibert, Perronnette et Epiphane sont de charmants anges qui s'intéressent de très près aux histoires de sexe des humains. Ça a toujours plus de chances d'aboutir que l'inverse ! Que ce soit le couple d'ados complexés par leur appareil dentaire, le jeune homme qui découvre et avoue son homosexualité à sa petite amie, le ménage d'âge mûr qui s'est laissé gagner par la routine ou les grands parents qui ont oublié qu'ils n'étaient pas de purs esprits, tous les personnages de cet album vont bénéficier d'un petit coup de pouce d'origine angélique.
Paroles d'Anges est plus un recueil de nouvelles qu'un scénario linéaire, même si certains personnages passent d'une histoire à l'autre. Et si les propositions angéliques pour résoudre les divers problèmes ne sont pas toujours les plus... intelligentes, elles ont l'avantage de faire sourire, voire franchement rire. Le trait de Jean-Louis Tripp, très rond, est tout à fait sympathique dans cet univers, et l'on sent une intense jubilation à dessiner ces pauvres humains pas très doués. Les couleurs très pastel ne sont pas toujours très jolies, mais ont l'avantage de bien accompagner le graphisme.
La grande originalité de Paroles d'anges consiste dans le contenu des phylactères : pas un seul mot, seulement des pictogrammes. Et si certains sont un peu exagérés, comme dans la scène du coming out, d'autres sont pleins de drôlerie et d'invention : les horloges suisses font dire "coucou", les coeurs se transforment en seins ou en fesses... On comprend parfaitement ce langage fait de sous-entendus et de mimiques et qui termine d'adoucir le propos.
Un album plein de charme donc, mais qui soulève une grande interrogation : pourquoi l'avoir édité dans la Loge Noire d'ordinaire réservée aux récits faisant la part belle à l'ésotérisme et au recyclage des légendes ??
Le Canada, quatre histoires à quatre âges de la vie... A chaque âge ses problèmes. Heureusement que du haut de leurs nuages, les anges veillent... Mais lorsqu'ils s'en mêlent, cela donne lieu à des situations pour le moins inattendues. Les anges sont un peu fripons sur les bords, ne le saviez-vous pas ?
L'auteur a voulu faire une bd muette un peu universelle pour nous montrer que nous sommes tous confrontés à des troubles affectifs et sentimentaux. Or plus l'âge avance, plus ils seront lourds à porter. Pourtant, il suffit quelques fois de presque rien. C'est là qu'interviennent nos petits chérubins malicieux.
On retrouvera avec plaisir le dessin si caractéristique de Jean-Louis Tripp plus connu pour son Magasin général avec Régis Loisel. J'ai bien aimé les deux premières histoires, notamment celle de la rencontre de deux dentiers métalliques repoussants. Après, cela se complique sérieusement pour se terminer dans une partouze de vieillards en folie au nom d'une sexualité épanouie. Pourquoi pas ? Mais avec moi, cela ne le fait pas trop malgré le ton léger de cette divine comédie un peu coquine.