E
nfin les vacances ! Après une longue route, François et ses enfants arrivent enfin à Ramiolles. Clara, la mère, retenue à Paris par son travail, arrivera d'ici quelques jours. En l'attendant, la petite famille s'installe et François doit mener sa barque en solo. L’aîné, Kévin, est en pleine crise d'adolescence, alors que le plus jeune, Baptiste, est impatient d'aller à la mer avec sa chienne adorée. Le farniente et le retour aux sources, ça sera pour une autre fois !
Journées rouges et boulettes bleues, derrière cet étrange titre se cache une chronique douce-amère sur le temps qui passe. À quarante-cinq ans, François a l'impression que sa vie lui échappe de plus en plus. La relation avec sa femme ne cesse de se détériorer, tandis que ses enfants s'avèrent être davantage des sources de frustrations que de joie. Le portrait psychologique que dressent Rémy Benjamin et Cyprien Mathieu est juste. Pas de véritables excès, seulement une suite de petites déceptions nées de l'usure du quotidien. Le scénario, qui se déroule autour de la disparition des chiens du voisinage, permet aux auteurs d'introduire toute une distribution de rôles secondaires parfaitement campés (l'ancienne flamme du héros, l'agriculteur désespéré, etc.), ceux-ci nourrissent et donnent une véritable épaisseur au récit. Le lecteur trouvera dans l'album une compassion et une tendresse comparable – l'humour en moins malheureusement – à celle du Constat ou de Chute de vélo d’Étienne Davodeau.
Olivier Perret (déjà entraperçu sous le pseudo Pero dans Un jour sans et D'air pur et d'eau fraîche), très bien accompagné par Rémy Benjamin aux couleurs, montre avec beaucoup de talent ce Sud de la France, synonyme pour beaucoup de vacances. La comparaison avec Étienne Davodeau est également immédiate tant le découpage est focalisé sur les protagonistes. Le hameau, les habitants et leurs habitudes, le marché, la plage, etc., les descriptions sont précises et réalistes, tout en étant pleines de vie. En résumé, le cadre est bien campé, les scènes d'actions clairement montrées, tandis que les émotions passent, tout simplement.
Une fois le titre et la couverture digérés (ou oubliés), Journées rouges et boulettes bleues offre un tableau convaincant et séduisant d'un chef de famille plongé dans le doute et le questionnement.
Journées rouges et boulettes bleues peine un peu à convaincre pourtant, c'était presque réussi. Il a manqué un petit quelque chose pour que cette chronique de vacances soit plus réussi. Il est vrai que la couverture n'est pas des plus belles et au final, elle n'est pas réellement représentative de cette oeuvre. Il y a presque tromperie sur la marchandise. Mais bon, passons !
On suit le père François qui emmènent ses deux enfants Baptiste le plus jeune et Kévin, l'aîné en pleine crise d'adolescence en vacances et en l'absence de la mère Clara qui est retenu pour son travail. On ne la verra pas mais on l'entendra au téléphone. Les enfants vont plutôt s'avérer pour ce père de famille une source de frustration. Certes, on pourrait le comprendre mais bon passons également !
Que reste t'il au juste? Un scénario suspense autour de la disparition du chien de la famille. C'est l'occasion de dresser un portrait psychologique plutôt bien vu des différents personnages. C'est assez réaliste même si le récit s'engouffre dans quelque chose de totalement imprévu et finalement peu crédible. Par ailleurs, la mise en scène est également maîtrisée. Oui, il y avait tout de même d'assez bonnes choses dans cette aventure estivale.