L
a maman de Cerise n’a pas choisi le cadeau d’anniversaire de sa fille par hasard. La petite escapade d’une semaine en Bretagne n’est en rien improvisée. C’est en premier lieu une destination ludique puisque le séjour s’accompagne d’une visite dans un manoir, véritable réceptacle à énigmes. C’est aussi l’occasion de resserrer des liens qui se sont peu à peu distendus, la faute à l’adolescence qui pointe le bout de son nez et à l’absence du père qui se fait de plus en plus sentir. Si tout commence sous les meilleurs auspices, la suite apporte son lot de déceptions et de - plus ou moins - bonnes surprises.
En quatre ans, Cerise s’est imposée dans le paysage bédéphile. Pas seulement auprès du lectorat le plus jeune, mais également auprès des adultes qui prennent un plaisir non dissimulé à découvrir tome après tome ses aventures. Cet attachement, même virtuel, devient avec le temps synonyme d’exigence. Le suivant sera-t-il de la même qualité que le précédent ? Les nombreuses portes restées fermées vont-elles enfin commencer à s’ouvrir pour révéler quelques secrets ?
Les trois premières planches réservées au carnet de Cerise, dans lequel une image du père souffle les bougies d’un gâteau d’un vieil anniversaire, laissaient espérer son lot de révélations. Et pourtant… La Déesse sans Visage a tout d’un album de transition. Par le lieu du récit, tout d’abord, loin du village dans lequel tous les protagonistes ont l’habitude d’évoluer. Un changement de décor qui n’a rien d’anodin puisqu’il permet, au gré des visites qui se succèdent, de passer en revue l’ensemble des personnages qui ont contribué à façonner la vie de Cerise : sa mère, évidemment, les copines, bien sûr, et quelques éléments qui titilleront les souvenirs du lecteur. Une sorte de parade finale qui annonce l’ultime album.
Et ce quatrième tome alors ? Si tous les ingrédients sont là, si la gamine est toujours aussi attachante, si l’histoire parvient à maintenir le suspense - presque - jusqu’à la dernière page, le tout accompagné par le dessin tout en rondeurs d’Aurélie Neyret, il manque cette petite touche d’envie et d’impatience qui suivait jusqu’à présent la fermeture des précédents opus. Point de déception cependant, mais une attente désormais plus fébrile à la veille de la conclusion que chacun espère éclatante, brillante et lumineuse.
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