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ouvait-il réellement disparaître du paysage pour couler des jours supposés tranquilles ? Pour un tueur qualifié par ses pairs de "légende", le projet relevait de l'illusion la plus achevée. Ils l'ont retrouvé au fin fond des bois. Introduit dans son lit, l'épiant à distance, ou le provoquant pour un combat rapproché, ils commettent tous la même erreur : sous-estimer celui qu'ils considèrent comme un débris, une relique de la guerre froide. Ils vont payer.
Sur la base on ne peut plus classique de l'exécuteur qui laisse parler les armes à sa place, Victor Santos (Sale fric chez Delcourt, Furious chez Glénat) s'offre un festival graphique en trois tons (rouge-noir-blanc) qui détonne. Kaiser, briscard borgne, remontera la filière des nombreux hommes (et femmes) de main et commanditaires de tous ordres qui veulent sa peau, en égrainant ses souvenirs au passage. L'histoire, jonchée de stéréotypes, constitue le support sur lequel le chorégraphe espagnol passe en revue tout - ou presque - ce qu'il est possible de recenser en matière de découpage, d'angles, de dosage chromatique avec la palette qu'il s'est imposée, de formats et de structures de cases détourées ou non. Les grincheux diront que c'est du bubble-gum mais la bulle gonfle avec une emphase réjouissante, avant de claquer en rafale au fil des chapitres. L'ensemble tient tout à la fois du patchwork, du ballet et du pot-pourri.
La comparaison sera sans doute très flatteuse, mais il y a une petite année, Matthew Vaughn dynamitait le film d'agent secret avec Kingsman avec une malice à l'origine de filets de bave échappés de quelques faciès surpris et ravis. Début 2016, du côté de la BD, Victor Santos, sans pousser le curseur aussi loin en matière de fond, offre un concentré de polar de première classe où taiseux rime avec sanglant et pétaradant (si, si, ici, ça rime...).
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