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ièvre, première partie du XIXe siècle. Après quelques années de volontariat forcé dans la marine de guerre, Jean Tambour est de retour à Clamecy. Il reprend naturellement sa profession de flotteur de bois. Très rapidement, il se rend compte que l'atmosphère a changé sur le fleuve : les grumes disparaissent et la tension entre les hommes est à son plus haut... Pas de doute, quelque chose de louche flotte entre deux eaux.
Série historique calibrée pour le magazine Vécu des éditions Glénat, Le grand fleuve est étrangement paru dans la collection Repérages chez Dupuis au début des années quatre-vingt-dix. Après quatre tomes, elle disparaîtra un peu malheureusement du catalogue. Le groupe Paquet a la bonne idée de rééditer ce titre éminemment sympathique, en annonçant, cerise sur le gâteau, une cinquième aventure inédite. Mieux encore, les couleurs ont été élégamment mises à jour par Jocelyne Charrance et un très intéressant dossier a été ajouté en fin d'ouvrage. Pour rappel, une présentation de cet univers et un entretien avec ses auteurs sont disponibles sur votre site préféré.
Jean Tambour reprend donc du service !
À partir d'un canevas très classique (après une longue absence, le héros revient chez lui et met les pieds dans le plat), Serge Aillery décrit avec beaucoup d'attention et de détails la vie de ces travailleurs fluviaux qui risquaient leur vie pour fournir la capitale en bois de chauffage : des individus plus grands que nature, des forts en gueule organisés en une espèce de confrérie aux traditions et aux mœurs bien à eux. Si la narration est un peu boiteuse par moments, le scénariste réussit néanmoins à partager toute l'énergie et les petits trucs de ces métiers aujourd'hui disparus. Les personnages – méchants et gentils – respirent l'authenticité et les dialogues truffés de termes techniques exotiques claquent sur les berges ! Le tout est parfaitement rythmé, les coups de théâtre et les scènes de bravoure se succédant sans coup férir au fil des méandres.
La situation est similaire pour le travail de Jean-Luc Hiettre. Même si son trait n'est pas totalement posé, celui-ci illustre ces tribulations avec force et précision. En effet, à plusieurs reprises, la mise en page se révèle passablement chaotique (incrustations de cases malheureuses, manie généralisée de « sortir » du cadre pour montrer le mouvement, etc.). Ces défauts de débutants se font certes remarquer, mais, comme pour le scénario, finissent par devenir secondaire tant la reconstitution historique et l'esprit de ce petit monde s'avèrent habilement retranscrits.
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