O
urga est tombé sous les assauts de la Division sauvage de Nikolai Robert Maximilian von Ungern-Sternberg. Cependant, la victoire n’est qu’éphémère pour celui qui rêve de rétablir l’empire de Gengis Khan. Déjà, il lui faut reprendre le combat, laissant derrière lui Élisabeth…
Avec ce dernier opus, Rodolphe et Michel Faure terminent de belle manière un diptyque consacré à une figure méconnue de la révolution russe. Si la fulgurance de sa carrière ne fut peut-être pas exempte d’exactions diverses et variées, il n’en demeure pas moins que le personnage est porté par une utopie qui interpelle. Enfant maudit d’une Russie qui avait opté pour le Bolchévisme et d’une époque qui livrait ses derniers héros, une destinée aussi exaltée que brève est de celles qui font les légendes… et les albums !
Sous la plume de Rodolphe, celui que l’Histoire a immortalisé sous le patronyme de « Baron fou » apparaît ici, certes fantasque, mais surtout porté par un idéal plus que par un sadisme sanguinaire. Ne niant en rien l'atrocité d’une guerre qui vit certainement des horreurs dans les deux camps, le récit s’attache aux doutes et interrogations de von Urgern, certain de ne pouvoir achever son œuvre mais qui espère lui insuffler l’élan permettrant à d’autres de la poursuivre. Aussi, pour ne pas s’enfermer dans une simple succession de massacres, Rodolphe a le soin de distiller un rien de romantisme et une bonne dose d’introspection dans son récit, développant une certain empathie à l’encontre de l’un des derniers des généraux de l’ancienne armée impériale. Pour rendre compte des grandeurs et bassesses de cette guerre oubliée, le trait de Michel Faure fait merveille et son réalisme comme sa couleur donnent vie à un récit qui prend véritablement corps au fil des planches.
Dernier représentant d’une caste à jamais disparue, von Urgen ne pouvait connaître qu’une fin tragique et romantique. C’est ce qu’offre cette fiction, agréablement romancée…
Diptyque qui retrace l'aventure incroyable de ce baron "blanc" en lutte contre les bolcheviques lors de la guerre civile russe.
L'histoire est intéressante et complète "Corto Maltese en Sibérie" d'Hugo Pratt, où nous avons déjà le plaisir de rencontrer le baron fou.