C
ette fois, Noah n’y tient plus. Elle veut comprendre ce qu’il s’est passé deux ans plus tôt lorsque, partie camper avec des amis, elle se réveilla un matin, à trente-cinq kilomètres de sa toile, grièvement blessée. Personne ne peut expliquer ce qui s’est déroulé, et encore moins croire à ses déclarations mentionnant un loup et deux mystérieux sauveurs. Pourtant, comment justifier les énormes cicatrices qui lui ravagent le dos ? Pour savoir si elle n’est pas folle, elle livre son histoire sur un blog, sollicitant témoignages et opinions sur ses dires.
Michel Falardeau livre un vrai récit fantastique, l’étrange venant s’insérer dans la réalité sans autre forme d’explication. L’album bénéficie d’un début onirique accrocheur et se poursuit en faisant plus ample connaissance avec une héroïne plutôt sympathique. Le rythme est assez dynamique, en particulier grâce aux dialogues truffés d’expressions québécoises (manque l’accent sonore tout de même) qui donnent pas mal de fraîcheur. Cette vivacité se retrouve dans le graphisme très lâché. Les décors épurés et la façon de rendre compte des sentiments des personnages (grands yeux, visages déformés) rappellent les pratiques du manga. Ce dessin, à condition de ne pas être un adepte de la précision photographique, possède une certaine efficacité, malheureusement un peu gâchée par l’absence de nuance des couleurs. Au rayon des déceptions, il y a également un autre point, et non des moindres : l’intrigue progresse... à pas de loup, et c'est un euphémisme . La trame reste très linéaire et, malgré quelques coup de griffes liés aux rêves et aux souvenirs de Noah, peine à susciter l’adhésion, le lecteur étant, au final, guère plus avancé qu’après les premières pages.
Ce sera au deuxième tome de réaliser les promesses non tenues de cette introduction.
L'auteur québécois ne parvient pas à convaincre dans ce diptyque mettant en scène une jeune femme en proie à des cauchemars suite à un épisode particulièrement traumatisant deux ans auparavant. La figure du loup semble presque omniprésente.
Cette œuvre onirique recelait une certaine atmosphère plutôt originale. Tout n'est pas à jeter. Cependant, il y a un graphisme plutôt anguleux dans des décors épurés qui m'a fortement déplu ainsi que des dialogues un peu incompréhensibles pour nous autres français. Une traduction du parler local aurait été quand même la bienvenue.
Par ailleurs, l'intrigue souffre de quelques longueurs dans la construction. Il y a certes une accroche puis plus rien. La révélation du mystère va également nous laisser sur notre faim de loup...