A
u début des années 30, les mafias italienne et juive se partagent la ville de Rosario en Argentine. C'est dans ce cadre que Rogelio Durán rencontre la belle Raquelita dans le tramway. Très vite, le violoniste est fasciné par cette blonde mutique. Mais hélas, elle disparaît brutalement. Hanté par cette femme, il tombe sous la coupe d'une autre, brune et vénéneuse, Ágata Galiffi, fille du capo del capi.
Un homme, deux femmes, une période trouble. Dès le départ, le ton est donné : Rogelio a commis un acte irréparable qui le mènera à perpétuité. Malheureusement, la narration confuse ne permet pas d'apprécier le drame qui se joue dans la tête du héros. Les événements cahotent dans un va-et-vient temporel incertain et des ellipses qui ajoutent au doute. Fantôme quasi muet, Raquelita apparaît sur quelques pages : difficile de comprendre d'où vient cette obsession et pourquoi l'artiste bascule de façon abrupte dans l'odieux. Finalement, c'est Ágata qui a la part belle sur l'ensemble du volume. Personnalité implacable, cette femme implacable tente de marquer sa proie au fer rouge et ne fait que l'effleurer. Les personnages et leurs motivations demeurent fermés au lecteur. Il ne reste que la reconstitution réussie de l'ambiance d'une époque sombre qui rappelle les grands films tels que les Incorruptibles, le Parrain, et les relations glauques entre les êtres. La colorisation grise et sépia donne un ton très "levée du fascisme" à l'ensemble.
Portrait d'un être qui bascule dans la folie, Rosario aurait mérité un découpage plus fluide pour susciter l'attachement à ses personnages. Dommage.
Le contexte de ce récit était intéressant à savoir l'Argentine au début des années 30 mais l'auteur n'a pas réussi à susciter l'intérêt. On suit le parcours d'un homme amoureux d'une femme qui disparaît subitement de sa vie.
Je n'ai pas aimé les transitions ainsi que le découpage et la mise en scène. Il y a une absence de maîtrise manifeste. Pour autant, le graphisme est plutôt sympathique avec ces couleurs directes en aquarelle.
Je ne suis pas parvenu à entrer dans ce polar trop classique qui mêle politique et argent sale. C'est un one-shot qui ne marquera pas les esprits.