- Megg Mogg & Owl... C'est quoi cette horreur que tu as encore achetée ?
- Ça ? C'est très marrant, pourtant.
- Les dessins sont immondes. C'est d'une vulgarité...
- Mais non, c'est drôle et attachant, peut-être plus fin que tu ne le crois. Comme South Park, mais il faut plusieurs lectures pour rentrer dedans.
- Et cette fille toute verte aux yeux éclatés, bel exemple d'héroïne...
- C'est Megg, la sorcière, elle vit avec Mogg son chat et Owl le hibou à cravate qui leur sert de souffre-douleur. Et puis il y a Werewolf Jones le loup-garou toujours prêt à relever des défis imbéciles.
- Et ça parle de quoi ?
- De pas grand-chose. C'est une bande de branleurs, sauf Owl, et encore, qui est le seul à bosser pour payer les factures des autres. Megg et Mogg passent leur temps à se droguer et à faire des blagues immondes et Werewolf est un connard.
- Ils te font vraiment lire n'importe quoi sur ton site de BD. Tu peux pas lire de la vraie BD, comme il y en avait dans le temps, au lieu de ces trucs débiles ?
- C'est de la vraie BD, certes un peu conceptuelle, mais on devient vite accro. Tu devrais essayer...
Megg Mogg & Owl ne fera sans doute jamais l'unanimité, ou alors contre elle. À première vue, c'est une plaisanterie éditoriale : une sorte de gros délire vulgaire et criard dans le même registre que George Clooney, une histoire vrai. Mais lorsqu'on arrive à entrer dans le jeu, un sens se dégage sur la vacuité de l'existence et le récit tend vers une expérience assez rare. C'est la première bande dessinée à offrir une lecture sous ecstasy. L'essai initial picote, mais enfin assumé le plaisir pervers du mauvais goût, l'addiction aux aventures sous acide de ces losers sortis d'une vieille série Z d'héroïc-fantasy arrive très vite. Megg et Mogg essayent les matelas à Ikea, Megg et Mogg accompagnent Owl faire du camping, Owl essaye de faire rentrer ses potes dans le monde du travail... et - suspense - ça tourne mal. À partir d'une situation banale, Simon Hanselmann crée un rebondissement complètement ubuesque. Dans ce second tome, le dessin s'est bonifié et uniformisé. Finis les brouillons approximatifs semés dans Maximal Spleen, Magical Ecztasy Trip tend vers une ligne claire plus classique. Certaines planches recèlent une poésie inattendue, comme cette lune énorme tout droite jaillie d'un Méliès ou ce délire psychédélique échappé d'un laboratoire de méthamphétamine des campus US des seventies.
Encore une dose, Mister Simon!
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