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arianne fait une crise d'anévrisme et, dans son lit d’hôpital, elle se remémore son passé. Premier souvenir : la mer à travers un hublot, une mère enceinte et un père absent qui ne donnera ni nouvelles ni argent à la naissance de la petite Michou... 1960, l'homme semble bien trop occupé par son combat avec Patrice Lumumba pour s’intéresser à sa famille.
Chronique d'une famille en décomposition, Heureuses vies, Heureux combats clôture la série Secrets avec la mise en scène des mystères et non-dits qui ont empoisonné l'enfance de la dessinatrice Marianne Duvivier : une défection parentale et la maladie de Pascale, la petite dernière, qui rythme le quotidien par ses crises. Mais aussi la lutte de la narratrice pour se recréer un environnement apaisant et rassurant , ainsi que la genèse de son parcours professionnel. Comme face à un miroir, Marianne Duvivier explore et exorcise son passé. Le côté sombre du récit est contrebalancé par un dessin naïf et une colorisation lumineuse qui installent une ambiance méridionale chaleureuse.
Expérience thérapeutique, Heureuses vies, heureux combats est un joli témoignage familial des soubresauts politiques des années 60.
Qu’est-ce qu’on a pu critiquer Marianne Duvivier sur ce site à tort ou à raison ! J’ai toujours été indulgent avec des titres comme « L’écharde », « Pâques avant les rameux » ou encore « La corde » dans cette fabuleuse collection initiée par Frank Giroud. On découvre avec ce dernier titre de la collection Secrets sa propre histoire faite de de mensonges familiaux, de maladie et de suicides douloureux. On ne peut alors s’empêcher d’éprouver de la compassion, ce qui n’était manifestement pas voulu par l’auteur.
Au-delà de cet aspect personnel, on comprend mieux la construction de cette collection dont certains titres ont été des petits bijoux. Il est vrai qu’il n’y avait pas mieux pour clôturer une fin de série.
Certains passages demeurent un peu superficiels. Je me suis demandé comment on pouvait passer d’un homme à l’autre pour bâtir une famille tout au cours d’une vie. J’en ai compté 3 au moins : sic ! J’ai bien compris que ce n’était pas le propos ou l’axe focalisateur. En s’exposant ainsi pour témoigner d’une expérience de vie, l’auteur pourrait également prendre des retours de bâtons. C’est toujours dangereux de dévoiler son intimité, sa vie privée. Cependant, j’ai compris son désir de tout extirper comme pour chasser le démon ou faire la paix avec les fantômes du passé.
Le secret de famille ne fera pas dans le sensationnel. Cela pourrait presque apparaître comme banal mais il demeure authentique. Non, ce qui va nous marquer c’est l’émotion qui ressort de l’auteur. J’avoue avoir été un peu en phase surtout lorsqu’on traverse des moments difficiles. Chacun de nous n’a pas une existence de rêve. Il y a cette part qui demeure cachée de peur qu’elle nous absorbe totalement.
Heureuse vie, heureux combat constitue une émouvante renaissance. C'est en tout cas un témoignage très sincère.