P
our le sale chiot blanc infirme, l’heure de la confrontation avec le seigneur Daa a sonné. Malgré son expérience et sa cruauté, ce dernier ne fait pas le poids devant le ninja. Sur le point de mourir, le tyran se voit appliquer un arcane de bannissement. Il se retrouve ainsi lié au trio sous sa forme totémique - un crapaud bedonnant – et va pouvoir assister à la suite de la vendetta, car il n’était qu’un modeste exécutant dans la destruction du monastère du mont Tan. D’autres vont devoir payer.
Bien, cette série est un pastiche, exercice qui paraît tout simple, ce qui n’est pas le cas lorsqu’il faut en parler. Rendez-vous compte, il s’agit tout de même d’un livre dans lequel le groupe de héros est constitué d’un guerrier aveugle pas bien dégourdi – sauf quand il combat, parce que là, il est plutôt costaud –, du fantôme d’un maître d’école d’art martial qui apparaît sous l’aspect d’un raton-laveur et d’une ancienne servante de troquet dont l’utilité n’est pas encore très claire. Bon, elle a de gros seins, ce qui semble suffire à maître Li.
Oui, on a sans doute déjà vu des troupes au moins aussi étranges dans des œuvres de fantasy. Sauf qu’ici, cette composition annonce clairement la couleur. Le lecteur se voit proposer un joyeux délire. Erik Hanna se délecte manifestement dans la parodie des shõnen mangas, mais difficile de commenter les techniques de combat aux appellations « exotiques » comme « la petite sieste crapuleuse du mont Tan », ou la tendance potache des dialogues toujours aussi percutants.
Ce n’est tout de même pas qu’un concours de bons mots et de scènes burlesques, il y a une histoire. Dans ce second opus, elle s’étoffe. Les interventions de la muse off du seigneur Daa – le scénariste n’en est pas à un délire près – dévoilent les événements qui se sont déroulés lors de la mise à sac du monastère du mont Tan. De même, la rencontre avec un personnage apparu dans le premier volume interroge sur ses intentions et sa nature réelle. La quête de vengeance de l’ectoplasme de Li pourrait bien réserver quelques surprises et être moins linéaire qu’il n’y paraît.
Aux pinceaux, Redec semble également se faire plaisir. S’appuyant sur une mise en scène toujours aussi pertinente, il s’inspire des codes graphiques de certains mangas pour souligner et illustrer les extravagances imaginées par son compère. Il se montre aussi extrêmement efficace dans le cadre des nombreuses scènes d’action.
Ce deuxième tome confirme toutes les qualités de cette espèce de cartoon déjanté.
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