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rpentant les longs couloirs marbrés du château de Schöbrunn, à Vienne, l'archiduc François-Ferdinand, feint de ne pas entendre les remarques désobligeantes des gardes. Il a l'habitude d'être transparent, critiqué, rabaissé. Loin de refuser ses responsabilités, il est prêt à faire ses preuves, mais son peu de goût pour une étiquette étouffante et, pire, son mariage d'amour avec une comtesse tchèque désargentée lui valent l'ostracisme de la Cour. Pourtant, suite à une énième querelle avec son oncle, l'empereur François-Joseph, il se voit chargé de représenter le trône à Sarajevo, aux franges des terres austro-hongroises. Mieux, il apprend que son épouse, jusque là mise à l'écart, pourra l'accompagner. Comment ne pas saisir l'opportunité ? Faisant fi des menaces de mort et des insinuations, le prince gagne la capitale bosniaque où son destin l'attend...
Le 28 juin 1914, l'héritier austro-hongrois tombe sous les balles du militant nationaliste Gavrilo Prinzip. Un casus belli parfait qui a fait basculer l'Europe entière dans un bain de sang sans précédent durant quatre longues années. À l'heure de commémorer le centenaire des débuts de la Grande Guerre, il est utile de raviver le souvenir de celui dont la mort tragique en alluma l'étincelle. Si les manuels scolaires se limitent à évoquer l'assassinat en quelques courtes lignes et une gravure, ils ne disent malheureusement rien de l'homme. Qui était-il ? Correspondait-il vraiment à l'image déplorable qui en a longtemps été donnée ?
Épaulé par Chandre au dessin et Sébastien Bouet aux couleurs, Jean-Yves Le Naour, spécialiste du premier conflit mondial, répond à la question en brossant un portrait circonstancié du personnage en narrant les dernières semaines de son existence. Le lecteur découvre alors un humaniste, anti-conformiste, mais aussi anti-militariste, père de famille et mari aimant, fédéraliste. Au fil des pages, se dévoile donc une personne de conviction que son rang et le harcèlement moral dont il fut la victime a rendu amer. Parallèlement, le scénariste offre un tableau éloquent de l'Europe à la veille de la guerre, soulignant aussi bien les contradictions et limites du régime des Habsbourg, le ressentiment des peuples soumis, ainsi que la volonté belliciste des états-majors et des gouvernements. S'orientant vers un dénouement forcément connu d'avance, le récit se révèle néanmoins captivant et donne matière à réflexion. Car si c'est bien la balle de Prinzip qui a fauché l'archiduc, l'album laisse l'impression prégnante que tout et tous ont concouru d'une façon ou d'une autre à éliminer ce gêneur.
Porté par un graphisme efficace et expressif, bien que manquant parfois d'un peu de dynamisme, François-Ferdinand se lit d'une traite et se prolonge par un dossier des plus intéressants. Une belle plongée dans l'Histoire.
J'ai lu il n'y a pas si longtemps la biographie consacré à Gavrilo Princip dont les deux balles allaient tuer 10 millions de personnes. En l'occurence, nous passons du côté du point de vue du successeur attitré de l'empereur François-Joseph. On se rend compte que François-Ferdinand n'était point aimé de l'empereur et qu'il n'était finalement qu'un rouage, qu'un prétexte pour livrer une guerre nationaliste sans merci.
J'ai bien apprécié ce portrait sans concession qui le montre comme un bon père de famille et mari aimant mais également comme un sale raciste. Des qualités mais également de gros défauts. Il est clair que le destin n'a pas voulu qu'il monte sur le trône afin de perpétuer la tradition des Habsbourg. On va revivre cette tragédie dans les moindres détails.
Grâce à ce one-shot, on arrive à mieux comprendre les rouages qui ont amené à la Première Guerre Mondiale. Le cahier final est plutôt bien réalisé pour comprendre les enjeux. J'ai d'ailleurs commencé à le lire avant d'entamer ma lecture. Bref, les amateurs d'Histoire aimeront.
Un pan d'Histoire. le scénario est habile et nous amène doucement vers l'irrémédiable. Les caractères sont représentés à travers les turpitudes de la vie de la cour des Habsbourg. François Ferdinand, connu pour ce que sa mort a entrainé, est dans cet ouvrage dévoilé d'une façon que j'ignorais. Agréable, vivant, prenant, ce livre est touchant et éducatif tout à la fois. Le dessin serait peut être la petite touche qui mériterait mieux mais on oublie son manque de perfection au fil du récit. un livre que je recommande aux amateurs d'Histoire avec un grand "H"