Moby-Dick est un peu le monument littéraire par excellence, si bien que, même sans avoir lu le roman, tout le monde en connaît plus ou moins la trame. Les personnages sont familiers, eux aussi : Ishmaël, Queequeg, Starbuck… et surtout le capitaine Achab, qui a juré d’abattre de son harpon la terrible baleine blanche qui lui ôta une jambe.
Récit épique, cette quête dévastatrice est riche en évocations et semble se prêter avantageusement à une déclinaison visuelle, comme en témoignent les différentes bandes dessinées qui s’attachent à en perpétuer la légende. C’est au tour d’Olivier Jouvray et Pierre Alary d’en proposer leur version dans la collection Noctambule des éditions Soleil, suivant de près l’adaptation réalisée par Chabouté cette même année.
Derrière une couverture particulièrement réussie se cache un travail respectueux du roman original, mais qui, d’une certaine façon, manque de souffle. L’ouvrage, en l’occurrence, s’apparente à un bref résumé d’un roman qui, lui, prenait son temps pour instaurer les ambiances et dresser le portrait des différents protagonistes, avec moult descriptions et autres envolées lyriques. Ici, le graphisme au trait esquissé peine à restituer la force évocatrice des mots de Melville, tandis que les textes paraissent parfois déplacés, artificiels. Qui plus est, le rythme fait défaut, tout comme cette tension qui, à la base, allait crescendo, faisant trépigner d’avance le lecteur captivé.
La transposition d’une œuvre si volumineuse sous la forme d’un album finalement assez court pose question. Difficile d’en percevoir l’intérêt profond. A contrario, d’autres créations qui s’inspirent du mythe pour y greffer leurs propres récits s’avèrent à la fois plus audacieuses et plus pertinentes. On pourra citer Achab, de Patrick Mallet, ou encore Ambre gris, de Michel Durand, qui fait intervenir Herman Melville lui-même en marge d’une aventure palpitante.
Une adaptation somptueuse du roman classique de Melville. Jouvray en retire l'essentiel et les dessins d'Alary sont magnifiques.