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orman, la quarantaine, s’ennuie. Sa femme, ses enfants, son boulot, sa maîtresse… plus rien ne le sort de sa torpeur. Il voudrait s’enfuir et l’attentat du 11 septembre lui en donnera l’occasion. Vu qu’il aurait dû se trouver dans l’une des tours, pourquoi ne pas laisser son entourage croire en sa mort et en profiter pour prendre la tangente ? S’ensuit une vie d’errance, sur la route…
Rodolphe est un scénariste dont on ne sait jamais ce qu’il faut attendre. Entre Kenya, série d’aventure très quelconque, et un chef d’œuvre comme L’autre monde, difficile de s’y retrouver, surtout quand il intercale un OVNI absolument magistral tel que Markheim entre les coups. Ici, l’inspiration semble lui faire défaut, avec au final un récit qui déroule un savoir-faire certain mais manque de profondeur. Les personnages, en effet, sont de simples marionnettes dénuées d’émotion. Ou plutôt, les émotions paraissent factices, comme si l’intensité dramatique avait été sacrifiée pour d’obscures raisons : les scènes défilent, les retournements de situation aussi, mais de façon mécanique et sans réelle surprise. Le terrain est balisé, sans âme.
L’ombre de Kerouac a beau être constamment présente, elle ne fait que rendre ce scénario-ci d’autant plus banal en comparaison. En fait, tout va trop vite, format oblige, peut-être. Heureusement, le dessin de Van Linthout sauve les meubles, en quelque sorte. Avec ses planches tout en crayonné, il donne envie de se plonger dans cette ambiance qui, même sous le soleil, reste terne, à l’image de la vie rangée et résignée d’un homme qui ne sait pas ce qu’il cherche, encore moins ce qu’il veut. Hélas, la réflexion n’est pas poussée assez loin, et la curiosité fait rapidement place à l’ennui.
Ce titre date de 2014 et pourtant, j'étais passé à côté sans même soupçonner son existence. Il a fallu la réédition récente de 2019 pour le remettre sur le tapis.
Il est vrai qu'on devine déjà la fin dès l'introduction ce qui n'est pas de bon augure mais pour autant, je préfère un tel procédé à quelque chose de trop invraisemblable. Ce qui compte parfois, c'est de découvrir tout le cheminement. C'est parfois un procédé narratif utilisé dans des épisodes de séries.
Ceci dit, j'ai beaucoup apprécié ce récit sur un homme de 40 ans qui a réussi professionnellement sa vie au travail et en famille. Cependant, cela ne lui suffit pas. Il n'est guère satisfait par cette vie bien rangée malgré une maîtresse certes un peu vénale.
Son trip à lui, c'est de se servir des attentas du Word Trade Center pour disparaître totalement des écrans et profiter de sa nouvelle liberté de vie. De PDG, il deviendra clochard itinérant. Avis aux Arnault, Mulliez, Pinault, Dassault, Niel et autres Bétancourt !
C'est à peine croyable mais cela peut arriver parfois. Il se rendra vite compte que ce n'est pas la liberté que de rester pauvre et au bord de la route. Il sera même violenté car certains s'en donnent à cœur joie pour casser sans raison sur des cloportes. Il rencontrera des âmes charitables qui vont l'aider dans son long périple.
Un mot sur le dessin en noir et blanc délavé pour dire qu'il est très agréable ce qui rend la lecture de ce road-movie plutôt fluide.
Bien entendu, tout cela va mal se terminer ce qui nous fait dire comme moral qu'il ne faut surtout pas essayer de sortir de sa classe sociale. Le nivellement vers le bas n'est guère ma tasse de thé.
Au final, un titre plutôt agréable si on aime Rodolphe et ce genre d'histoire évidemment.
Bonne petite histoire même si l'on sent le tragique dès le début. Par contre coté crédibilité, les bons samaritains sont un peu clichés et l'on sent moins les vrais difficultés d'une telle situation.