S
es ambitions ruinées à cause d’une particule nobiliaire embarrassante ainsi que des erreurs et des faiblesses grossières, Malet est devenu un expert en conspiration et en coups d’Etat. Son objectif ultime : renverser Napoléon 1er ! Son dernier plan en date ? Répandre une rumeur («L’empereur est mort à Moscou, tué d’une balle dans la tête ») et profiter de l’effet de surprise causé pour investir tous les échelons du pouvoir.
Cet homme conspire comme il respire. La détermination de Malet est aussi grande que son projet est fou. Ses revers passés ne semblent rien lui avoir appris. Et Nicolas Juncker nous offre l'éclatante démonstration qu’on peut étonner avec des faits historiques relativement récents et pourtant méconnus.
L’album présente les deux mois de préparation et les trois jours de réalisation de son projet. Le choix de son équipe est un véritable régal tant les personnages et leurs expériences passées sont misérables et drôles à la fois. Constitués de laissés pour compte de la République qui croupissent pour la plupart dans ses geôles, ce groupe rassemble plus d’escrocs et de ratés que de candidats potentiels à des postes à responsabilités. L’exécution mouvementée de ce putsch confiée à des « bras cassés » donne tout son sens à la notion de « tragi-comique ».
La vigueur du dessin contribue largement à ce succès. Les visages expressifs, souvent cadrés de près, et les angles de vue aussi variés que bien choisis confèrent un dynamisme et un réalisme indiscutables à cette longue chronique. De ce fait, il est aussi facile de s’imaginer écoutant le plan s’échafauder dans une pièce obscure et froide de la Maison de la santé qu’au milieu des troupes qui font irruption dans les Ministère et Préfecture pour en chasser leurs illustres occupants.
Enfin, pour répondre à LA question que tout lecteur se pose, l’auteur revient sur les faits et personnages réels acteurs de ces évènements dans une annexe qui clôt l’album. Il apporte des compléments d’information sur ce qui s’est passé après cette tentative de prise de pouvoir et détaille les quelques libertés qu’il a prises avec l’Histoire pour construire son récit (assez peu finalement). Cette postface est tout aussi passionnante que sa création originale.
Encore une belle réussite à mettre au crédit de Treize étrange, éditeur qui n’est pas le plus actif en terme de nouveautés mais dont le catalogue propose une série de titres et d’auteurs qui méritent toute notre attention.
A la lecture de Malet, j'ai été pris d'un sentiment qui consistait à me dire toutes les deux pages: "mais il est fou, ce n'est pas possible !". Je pensais à une supercherie et qu'on découvrirait que c'est une scène jouée dans un hôpital psychiatrique. Cependant, il n'en n'est rien! Cela fait un peu froid dans le dos quand on apprend dans l'annexe qu'il s'agit bien d'un fait réel un peu oublié par l'Histoire.
Malet raconte le parcours de cet homme qui a voulu faire un coup d'état en Octobre 1812 en faisant croire que l'Empereur Napoléon 1er était mort tué d'une balle dans la tête lors de la campagne de Russie. Le pire, c'est qu'une garnison de soldat y a crû dur comme fer. Mais pas qu'eux !
Ce qui m'a interpellé, ce sont les gens qui gravitent autour et qui cautionnent cette folie en l'accentuant.
C'est un ouvrage intéressant qui décortique minutieusement l'état d'esprit qui régnait à ce moment là dans l'Empire. Pour autant, ce n'est pas une lecture sur la folie du pouvoir qui m'a emballé plus que cela.
Très très bon ce Malet de Juncker, un mélange parfait d'humour et d'histoire sur des dessins somptueux. C'est beau et riche d'enseignement...
Malet c'était un malin !!
Une bande dessinée historique à la fois intéressante, drôle et bien rythmée.