Pourvu que les Bouddhistes se trompent, Blast tome 4 : suite et fin des aveux de Polza Mancini. Repenti sincère, affabulations d'une âme malade ou racontars d'un individu cherchant à se disculper ? Les deux inspecteurs qui interrogent sans relâche leur suspect vont-ils pouvoir mettre un point final à leur enquête ? La vérité se trouve-t-elle dans un emballage de chocolat Funky ?
Descente masochiste aux Enfers, fuite en avant existentielle, remise en question de la société, etc., Blast défie toutes les définitions. En effet, Manu Larcenet ne s'est imposé aucune forme de censure et a puisé au plus profond de lui-même pour l'écriture de cette impressionnante histoire fleuve. Drogues dures, violences extrêmes et autres expérimentations auto-destructrices, que se passe-t-il quand on se retrouve à la frontière de la raison et de la folie, entre humanité et bestialité ? Telles ces lois de la physique cessant de s'appliquer aux abords du zéro absolu, le héros semble avoir quitté la rationalité lors de sa course effrénée à travers champs. Mi-étude de cas psychiatrique, mi-roman expérimental, la série, dans son approche sans concession, donne le sentiment, au premier abord, d'un témoignage halluciné versant dans l'outrance par moments. Cependant, à y regarder de plus près, elle se révèle être un conte psychologique cruel, finement construit et doté d'une finalité implacable.
Noir sur noir, avec un peu de gris autour, Larcenet fait preuve d'une maîtrise extraordinaire dans l’illustration de ses sombres propos. Malicieusement, le dessinateur arrive même à séduire avec des planches baignant littéralement dans l'anthracite. Les personnages sont exposés sans fard, baignés dans une lumière crue révélant toutes les aspérités de leurs corps (et de leurs cœurs). À l'opposé, la Nature (les bois, les animaux, etc.), est montrée dans toute sa splendeur si discrète. Sans doute le fruit de longues observations sur le terrain, ces compositions naturalistes possèdent toute la simplicité apparente, l'innocence serait-on porté à dire, de l’environnement qui nous entoure. De plus, l'ingénuité de ces scènes bucoliques répond d'une façon un peu effrayante au chaos dans lequel les protagonistes sont embourbés. Peut-être faut-il savoir arrêter de courir pour réaliser que la paix est là, autour de nous.
Comme les précédents, cet ultime volume n'offre que peu de répit et est à réserver aux lecteurs avertis. Pourvu que les Bouddhistes se trompent clôt admirablement cette fable fascinante racontée tambour battant d'une manière magistrale.
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La chronique de Grasse Carcasse par D. Lemétayer.
Lue d'une traite, cette saga m'a parue trop éprouvante pour que je puisse dire que je l'ai aimée. J'ai apprécié la narration, les émotions du personnage, sa poésie, mais il y a un martèlement continu de violence et de souffrance, rendant la lecture difficile. Larcenet sait nous tenir en haleine, et semble se complaire depuis, avec la Chronique de Brodeck et la Route, sur un terrain sale, déshumanisé et plein de désillusion.
Cette série est clôturée en apothéose avec ce dernier tome, qui atteint des sommets d'intensité. La lecture est addictive et on arrive enfin à reconstituer tout le fil de l'histoire de Polza. Mais l'épilogue apporte un regard nouveau et offre une nouvelle complexité à cette œuvre. Une fois le livre refermé, on reste immergé quelque temps...
Avis pour les 4 tomes:
Dévoré d'une traite, on peut clairement parler de génie. Ce road movie de la folie presque ordinaire, avec une fin en apothéose, m'a littéralement transporté ! On s'identifie (jusqu'à une certaine mesure hein?! ;-)) au personnage Polza et on tente avec lui de démonter les mécanismes de sa maladie et de ses souffrances... Ce n'est pas reposant, c'est torturé, c'est sombre et terrible mais quel coup de maître. M. Larcenet... Merci par votre talent de donner à la BD tout le sens du 9ieme Art.
10/10
Dernier baroud d’honneur pour Manu Larcenet et Polza Mancini. La grasse carcasse finit le récit de son histoire et complète le puzzle débuté dans le premier tome. Il nous parle de Roland et aussi et surtout de son attachement à Carole, celle dont justement on l’accuse du meurtre. Il nous raconte la vérité, ce qui s’est passé entre ces trois personnes jusqu’au moment de son arrestation. Mais les apparences sont parfois trompeuses et lors d’un habile épilogue les deux inspecteurs effectue un retour en arrière sur toute l’enquête, nous donnant une tout autre vision des évènements décrit par Polza, offrant un caractère insaisissable et complexe à cette masse de chair. On peut dire que Manu Larcenet aura maitrisé son récit du début à la fin et il vient le clore magnifiquement avec un dernier volet intense et surprenant.
Un chef d'oeuvre même si ce n'est pas une lecture plaisante....
Une plongée dans une humanité bestiale et cruelle, en parfait contraste avec la nature belle et sereine même dans la mort des petits rongeurs que croise Polza.
A ranger a cote de Mort a Crédit.
C'est rude! Mais fascinant. Glauque et oppressant. Riche de sens et de sentiments ambivalents. Graphiquement audacieux.
Pas une once d'humour pour alléger le propos jusqu'au strips de Ferri sur "Jasper, l'ours bipolaire" dans le tome 4 qui sont une respiration bienvenue.
Après "le combat ordinaire", "l'horreur extraordinaire". Plongée dans la folie sous le regard désemparé d'une humanité qui détourne les yeux pour retourner fabriquer les instruments de sa destruction.
Une larme pour Polza Mancini. Parce que, quand même.
Une lecture qui marque.
"Blast", c'est fini... et on est (un peu) soulagés... d'être arrivés au bout, et aussi de voir cette éprouvante saga se conclure sur un beau chapitre qui apporte une véritable "conclusion", avec un regard extérieur - celui de la police, de la justice - sur tous les faits qui nous ont été contés au fil des quatre volumes de "Blast" de la voix même du principal protagoniste. Si ce n'avait été l'élégance et l'intelligence de cette conclusion, on aurait été bien en peine d'écrire quoi que ce soit de nouveau sur ce quatrième tome, répétition obstinée, forcenée même des grandes qualités et des graves défauts des tomes précédents : toujours cette inventivité formelle qui touche de temps en temps au sublime, mais aussi toujours cette complaisance dans la description d'une humanité certes souffrante, mais vraiment irrécupérable dans ses pulsions de violence et de haine. N'en rajoutons plus : "Blast" n'est pas le chef d'oeuvre de la BD que Larcenet voulait certainement qu'il soit, seulement un livre différent, monstrueux aussi, dont on ne sait guère s'il convient vraiment d'en recommander la lecture... Reste que, par son ambition même, Larcenet a le mérite non négligeable de vouloir continuer à faire avancer le 9ème Art, et de ne pas se cantonner à ses zones de confort..., et pour cela, il a gagné notre respect.
Un tres bon moment de lecture:
Dessins en N&B magnifiques. Ceux en couleur sont dérangeants et participent à l'atmosphère glauque de cet album.
Notre héros est en fait un vrai romantique. Je trouve que la fin aurait pu se terminer avec son suicide: les dernières pages sont un peu poussives et gachent le faux rythme qui avait été distillé lors des précédents albums.
Cependant si on s'était arrêté sur le suicide, j'aurai trouvé ça convenu, c'était le seul échappatoire a road-movie campagnard.
Déjà beaucoup de commentaires, y compris sur ce dernier tome.
Je m'associe à ceux qui voient dans cette série l'une des plus brillantes de ces dernières années, avec un vrai travail de fond sur l'être humain dans son ambiguïté. Les planches sont superbes, et Larcenet nous avait déjà montré son talent en la matière, ne serait-ce que dans "le combat ordinaire".
On retrouve néanmoins le thème du combat ordinaire, scénarisé différemment et avec une introspection encore plus poussée.
A ne pas lire les jours de déprime, à ne pas prendre pour se payer une tranche de rigolade, mais à apprécier en longueur, pour se mettre dans le rythme de cette garde à vue humaine et sombre.
J'ai dévoré les 3 précédents et je m'attendais à ce que le dernier soit un peu moins bon mais que nenni ! L'album final est perturbant, sombre, inquiétant et dur...et pourtant si passionnant ! Les 4 albums se valent, le scénario se tient complètement et on descend peu à peu dans les abimes au fur et à mesure de l'avancée dans l'histoire. Manu Larcenet réussit à suggérer les émotions, l'ambiance aussi bien dans les dialogues que dans les cases sans bulles...c'est magnifique !
Ca c'est du final... Manu Larcenet est un artiste complet, un "super héro méconnu" qui étant ses pouvoirs au thriller subtil. Je n'ai pas boudé mon plaisir à reparcourir les trois premiers tomes pour prendre toute la finesse des dernières révélations finales. Contrairement à mon impression d'un post précédent sur la série, les amateurs de polar pur vont s'y retrouver pleinement. Chapeau ! Je mets 5/5 en correspondance avec le barème donné par le site : Blast est une quadrilogie indispensable !
Un sommet. Comme les trois précédents albums.
Maintenant que la boucle est bouclée, il est temps de relire l'ensemble pour savourer la cohérence de cette oeuvre, à classer parmi les grands récits de la BD d'expression Française.
Il y aura sûrement beaucoup de superlatifs dans mon commentaire, mais pour moi, c'est vraiment l'une des meilleures séries du moment. Tout y est : le scénario est vraiment bon, la narration est excellente et les dessins sont sublimes... Manu Larcenet est définitivement un auteur à classer parmi les plus grands.
Ce dernier tome est le dénouement des grands entrelats de tripes et des trips de ce gargantua gargouillant. Merci à l'auteur d'essayer de donner un sens à la folie, et de mettre la noirceur en lumière. Elle ne se légitime pas, mais se comprend.