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enri, Alphonse : deux jumeaux aux destins si différents. Car, à en croire une fille de Bohême, l’un connaîtra une fin tragique dans les bras d’une femme au cœur de pierre, tandis que l’autre périra noyé si une naïade ne le sauve. Mais la Guerre de 14-18 n’a que faire des prophéties d’une belle diseuse de bonne aventure !
Avec Walburga, Yann et Romain Hugault mettent un terme aux envolées du Pilote à l’Édelweiss. Les pièces du puzzle s’assemblent enfin et l’heure des comptes a sonné.
Sans rien dévoiler d’une fin des plus morales, certains regretteront la manière dont le père créateur de Dottie clôt son triptyque avec une certaine facilité dans la félicité. Quoi qu’il en soit, il serait mal venu de bouder son plaisir et si le scénario montre parfois une relative naïveté qui tranche avec la noirceur de l’époque, Yann fait le boulot, et bien. Parallèlement et au-delà de toute polémique sur la capacité du SPAD S.XIII à virer sec sans décrocher à 19.686 pieds, il faut reconnaître que les planches de combats aériens de Romain Hugault sont toujours à couper le souffle. Maîtrise technique des lignes, qu’elles soient de fuite ou des appareils, cadrages, angles des prises de vue… tout est dessiné pour donner au lecteur l’illusion qu’il est, lui aussi, dans l’habitacle. Une fois revenu sur le plancher des vaches, cette impression d’aisance s’estompe quelque peu devant la candeur des personnages, mais nul ne saurait en vouloir à un dessinateur qui réussit à rendre compte, avec autant d’à-propos, des voluptueuses volutes d’une Gitane.
Sur Walburga se referme l’histoire d’un pilote qui préférait les édelweiss aux marguerites. Désormais, il ne reste plus qu’à patienter sur le tarmac et à attendre le prochain vol des Hugault Drawing Lines.
Les qualités de cette trilogie sont bien réelles. Toutefois, certains ressorts du scénario sont à la limite du vraisemblable et deux ou trois problèmes de cohérence interne ont sévèrement perturbé ma lecture (notamment du tome 3) :
- Pourquoi Henri Castillac a-t-il toujours refusé le combat avec le pilote à l'edelweiss ? L'envoûtante Walburga lui avait un jour lancé : « Méfie-toi de l'edelweiss de la petite bohémienne », et Henri se serait laissé terroriser par le simple mot edelweiss peint sur le fuselage d'un appareil ennemi ? Mais oui : il a conçu une authentique phobie des edelweiss, et c'est pourquoi, à l'hôpital, il appelle l'infirmière pour qu'elle enlève les fleurs tombées sur son lit après un bombardement. Pourtant Henri n'a jamais paru accorder foi au don de prescience de Walburga…
- Comment se fait-il que Valentine ait épousé Alphonse alors qu'elle savait que le jumeau qui avait plongé dans la Seine était Henri (eh oui, dans le tome 1, lors de la première rencontre des jumeaux avec Valentine, Henri avait fait les présentations). Un intervalle de quarante-sept planches sépare les deux morceaux de la séquence (celui de la rencontre et celui du sauvetage de l'enfant) mais la séquence elle-même ne dure qu'une minute : en si peu de temps on n'oublie pas la différence qu’il y a entre deux individus, même si leur visage et leur costume sont identiques.
- À la fin de ce tome 3, les pilotes qui défilent parlent de leur camarade Castillac, lequel s'apprête à braver l'interdiction de voler édictée par la préfecture de police. En lui donnant pour épouse une certaine Valentine, ils parlent nécessairement d'Alphonse et non d'Henri, pourtant la réintégration d'Alphonse dans l'armée de l'air n'a fait l'objet d'aucune explicitation. (De fait, ces pilotes savent probablement que « Henri » n'est jamais revenu de son duel en haute altitude, et son camarade Shigano donne au Castillac frondeur le prénom d'Alphonse à la fin de la séquence.)
Le scénariste s'est-il pris les pieds dans son propre tapis narratif ? Ou a-t-il seulement omis quelques transitions ? (Désolé pour ce trop long commentaire.)
3e et dernier tome pour la conclusion de cette saga, et une petite déception pointe en refermant l'album.
Malgré la beauté des femmes et des avions le scénario peine à convaincre, symbolique un peu lourde, duel entre les as vite expédié et l'histoire familiale est finalement sans grande surprise.
Mais la somme des trois albums est tout de même très agréable, grace au talent graphique d'Hugault.
Le scénario de ce triptyque est solide et les personnages sont tous crédibles sans exception. Le tout s'appuie sur un dessin remarquable, aux superbes couleurs avec un découpage au top...Nos jumeaux, l'un candide et emprunté, honnête et courageux, l'autre extraverti et fantasque, intéressé et calculateur nous font vivre trois beaux chapitres d'une histoire rythmée par Valentine, Sidonie et l’envoûtante Walburga...Seul le titre de la série est étonnant, tant le rôle du fameux pilote à l'edelweiss est sommes toutes mineur, malgré le lien avec Walburga...Une fois encore un grand bravo pour le dessin qui nous éclabousse les yeux surtout pour l'édition grand format (dont le prix pour les tomes 2 et 3 était largement abordable, dommage que ce n'ait pas été le cas pour le tome 1, paru uniquement en TT, donc particulièrement onéreux)...
Fin du triptyque (agréable des séries qui ne se rallongent pas indéfiniment) qui donne les clefs des mystères entrevues précédemment. Le scénario est malin et nous entraîne loin des horreurs de la guerre malgré une recontitution très réussie des tranchées, des combats aériens et du Paris de l'époque. C'est le paradoxe d'arriver à nous divertir en oubliant le contexte, avec des dessins toujours aussi somptueux qui sont un régal.
Allez, ne boudons pas notre plaisir, le tragique de l'époque nous rattrapera bien pendant le centenaire.