U
ne jeune femme maorie est retrouvée sans vie sur une plage près d'Auckland. Le lieutenant Jack Kenu est mis sur l'affaire. Son enquête va prendre une tout autre dimension quand certains indices vont le mettre en relation avec des personnalités politiques de premier plan. Dans une Nouvelle-Zélande en pleine campagne électorale et en prise avec une crise financière sans précédent, toutes les vérités ne sont pas bonnes à traquer...
Si certains reviennent avec des souvenirs ou des colifichets de leurs voyages, Caryl Férey rapporte pour sa part des intrigues de ses expéditions au long court. L'écrivain bourlingueur s'est particulièrement fait remarquer avec des romans policiers « exotiques », ceux-ci ont été couronnés de nombreux prix (Prix SNCF du Polar, Grand Prix de littérature policière, etc.). Juste avant la sortie de l'adaptation hollywoodienne d'une de ses œuvres (Zulu réalisé par Jérôme Salle, film projeté en clôture du Festival de Cannes 2013), Maori est son premier album de BD.
Un flic au bout du rouleau à cause d'une vie sentimentale compliquée, une société en décomposition, des paumés de toutes sortes et des politiciens pas nets, pas de doute, La voie humaine fait dans polar noir. Férey ne réinvente pas roue tant il respecte tous les canons du genre. Cela dit, le scénario est bien en place, il utilise à bon escient les particularités néo-zélandaises – les problèmes sociaux des Maoris en particulier – ainsi que plusieurs éléments d'actualité comme les errances de la finance internationale et ses dégâts sur les populations. Le tout est illustré d'une manière très efficace par Guiseppe Camuncoli.
Un bon petit thriller ? Hélas, ce n'est pas vraiment le cas. En effet, le scénariste est avant tout un homme de lettres, un amoureux des mots qui ne semble pas faire totalement confiance au dessin. Résultat, de nombreux textes descriptifs redondants plombent la lecture. De plus, il ne peut s'empêcher de souligner les états d'âmes de son héros alors qu'une simple attitude ou un regard suffirait amplement pour décrire ses tourments intérieurs. Si la Littérature et le Neuvième Art ont en commun de nombreuses techniques, ils sont néanmoins très différents dans leur approche narrative. Maori illustre, sans le vouloir et un peu malheureusement, ces disparités fondamentales.
Il est rare de lire des récits ayant pour cadre le pays du tournage du Seigneur des anneaux ou des fameux All Black et leur chant de guerre. Bon, La France n’a pas bonne presse depuis la période des essais nucléaires dans le Pacifique et du sabotage d’un navire écolo dans le port de leur capitale. Qu’importe car il est toujours intéressant de s’intéresser à la culture Maori.
Le début nous offre des réflexions par rapport au programme politique de l’un des natifs qui laissent à réfléchir. Cela élève d’emblée le niveau. Cependant, on va vite retomber dans la trame d’un polar classique avec les meurtres qui s’accumulent, l’enquête qui piétine, les fausses pistes, les retombées etc…
Au final, c’est un diptyque à découvrir malgré l’absence d’originalité.
Je suis très déçu: beaucoup de verbiage; dommage car le scénario semble, au départ, plutôt sympa, avec une ambiance glauque à point. Par contre le fait que cela se passe en NZ n'est pas évident.