L
es retrouvailles de Mady et Benoît continuent à ressusciter le passé. Celui des adolescents qu’ils furent dans les années soixante, mais que l’opinion et un spectacle ont séparés alors qu’ils apprenaient à se connaître. Si, à quarante ans d’intervalle, l’ombre de Godefroid de Bouillon plane toujours, il est temps pour la belle blonde de s’en affranchir.
Poursuivant sur sa lancée, Jean-Claude Servais livre le deuxième volet de son récit multi-temporel. De nouveau, il promène le lecteur d’une époque à l’autre, imbriquant la vie du héros de la première Croisade dans celle de ces personnages contemporains. La romance des seconds reprend son cours avec la douceur d’une évidence enfin concrétisée contrastant avec la violence des événements survenus quelques décennies plus tôt. Ceux-ci trouvent eux-mêmes un écho à travers le périple en Terre Sainte des armées croisées au XIe siècle, dont les exactions et le fanatisme ont comme déteint sur les gamins bouillonnais des sixties. La leçon d’histoire, bien documentée, vaut la peine et éclaire sur de nombreux points, malgré un traitement verbeux et manquant un peu de relief. Elle est à l’image d’une narration qui aurait mérité d’être aussi inspirée qu’engagée, car, de ce côté-là, ça ne fait aucun doute, l’auteur lance un message humaniste et fraternel. À défaut de se révéler captivante, cette seconde partie repose également sur un dessin parfaitement maîtrisé et soigné qui en constitue la plus appréciable et indéniable richesse, qu’il s’agisse de montrer des paysages urbains ou ruraux, belges ou proche-orientaux.
À l’instar du premier tome, une suite un peu trop tiède pour marquer durablement les esprits. Dommage.
>>> Chronique du tome 1
Ce dernier tome poursuit de manière didactique l'histoire de Godefroid de Bouillon et des croisades. L'intérêt réside aussi dans la critique du mythe tel qu'il a pu être véhiculé pendant des décénies dans les manuels scolaires en Belgique.
Le travail est parfaitement documenté et éclairé en fin de livre par les explications du spécialiste belge de Godefroid de Bouillon, Claude Rapé.
Les dessins de Servais restent de vrais chefs d'oeuvre avec des vues magnifiques de Bruxelles et de Bouillon.
Seul bémol, l'aspect fort historique forcément qui risque peut être de rebuter quelques lecteurs et la romance en toile de fond reste trop secondaire.