A
près L'affaire Dexter Ward et Les montagnes hallucinées, I. N. J. Culbard continue son entreprise d'adaptation des écrits d'Howard Philips Lovecraft avec Dans les abîmes du temps. Cette œuvre tardive, qui reprend une bonne partie de la mythologie fantasmée ainsi que l'écriture maniérée du romancier de Providence, représente une excellente porte d'entrée dans cet univers inquiétant.
Pendant cinq ans, Nathaniel Peaslee n'a pas vécu sa vie. C'est comme si quelqu'un avait pris sa place et utilisé son corps pour accomplir ses propres ambitions. Depuis son « réveil », il est accablé par des cauchemars et des visions aussi énigmatiques qu'horribles. Néanmoins, curieux de nature, il veut savoir et comprendre ce qui lui est arrivé. Cette quête aux frontières de la connaissance va l'emmener jusqu'en Australie, sur la piste de civilisations ancestrales et autres créatures tentaculaires venues d'ailleurs.
Culbard adapte (comprenez "élague fortement") le texte d'origine et transpose en images la prose lovecraftienne, mais, malheureusement, sans y apporter aucun angle original ou vraiment personnel. Le travail est soigné et la lecture agréable, quoiqu'un peu laborieuse par moments, à cause des nombreux récitatifs tirés du journal du héros. Sur le plan graphique, le style très sage du dessinateur ne possède pas la profondeur nécessaire pour illustrer adéquatement « ce qui est en bas ». Cublard n'est pas Alberto Breccia et sa vision peine à restituer l'immensité des découvertes de Peaslee, particulièrement le mélange de terreur et d'incompréhension que provoque sa prise de conscience du rôle dérisoire de l'Humanité face à ce qui plane dans le vide cosmique.
Cette version BD de Dans l'abîme du temps manque d'âme et de boyaux. Résultat : la peur n'a que peu d'emprise sur le lecteur.
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