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uand Fred Bernard demanda une préface à son grand-père pour Les Chroniques de la Vigne, celui-ci lui rétorqua : « Mais qu’est-ce que tu veux que je rajoute Fred ! Le vin, c’est toute ma vie ! ». Il faut dire que les deux hommes sont nés les pieds dans les vignes. Si le premier a finalement embrassé une carrière artistique, le deuxième a exploité les terres familiales en Bourgogne, à Savigny-les-Beaune. Et à quatre-vingt-dix ans, des anecdotes, il en a à revendre.
Pour ceux qui connaissent un tant soit peu l’œuvre de Fred Bernard et les fameuses aventures de Jeanne Picquigny, Les Chroniques de la Vigne ne sont pas si éloignées que cela de la sexy baroudeuse. Jeanne possède elle aussi des vignes et vit, quand elle ne parcourt pas le monde, à Savigny. L'auteur est profondément marqué par son enfance passée sur les célèbres terres viticoles. Si son parcours professionnel l’a conduit vers d’autres lieux, il garde de cette époque une douce chaleur enivrante qu’il a décidé de mettre en images. Il a fallu quinze ans pour convaincre son grand-père d’ouvrir son livre de souvenirs, mais le résultat valait bien cette attente.
Si le vin, dans toutes ses déclinaisons, est bien évidemment au centre de ce gros bouquin de cent-cinquante pages, la famille, au sens le plus large du terme, occupe aussi une place importante. Les courtes saynètes consacrées à chaque scène de vie regorgent d’humour, de tendresse et d’humanisme. On se surprend à ressentir au fil de la lecture de l’attachement pour ce vieil homme. L’empathie de Fred Bernard est décidément communicative. Aux pages souvent très bavardes, succède une autre, muette cette fois, sur laquelle on s’attarde quelques instants avant de parcourir un extrait des Effets psychologiques du vin d’Edmondo de Amicis. La chaleur des peintures renforce le bien-être persistant. Pas de fioriture, très peu de décors, le dessin illustre discrètement le témoignage, essentiel.
Des brèves de comptoir à quelques réflexions plus philosophiques, ce sont des instants de partage qui sont offerts, chacun puisant son bonheur là où il le souhaite. Un livre simple, généreux et terriblement humain.
Actuellement, il y a un trop plein de ce genre de bd dans le genre "conversation avec un membre de la famille". Les auteurs puisent allègrement dans leur réservoir familial pour mettre en avant un aspect de la vie. En l'espèce, la figure attachante sera celle du grand-père qui est vigneron et amateur de bon vin.
Par ailleurs, je dois bien avouer que « les gouttes de Dieu » m'ont bien plus appris sur le sujet que cette chronique campagnarde. Bon, je ne savais pas que Nicolas Sarkozy n'aimait pas le vin et que de ce fait, on ne pouvait lui faire confiance pour gouverner un pays. C'est très recherché comme explication.
Le dessin est sympa mais c'est tellement bavard par moment. Reste le plaisir et la passion du vin qui se transmet de génération en génération. Bref, nous avons là une compilation d'anecdotes dans un ensemble pas très original.