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n petit être chétif, l’âme en peine, erre dans un décor de tristesse et de désolation. Le ciel est gris, les averses nombreuses et les bêtes menaçantes. Difficile de survivre, de se nourrir. De péripéties en rebondissements, il fera des rencontres, fuira des dangers, se fera des amis, tombera dans des précipices et s’élèvera dans les airs. Jusqu’à un épilogue qui le ramènera les pieds sur terre.
Beau et efficace. Voilà comment décrire ce petit volume, presque entièrement muet, qui fait du dessin sa première qualité. Le trait est vivant et rend très bien le mouvement, tandis que les couleurs, sombres ou chatoyantes, composent sans cesse des ambiances envoûtantes. Tout s’enchaîne à merveille sans qu’on ne regrette un seul instant l’absence de paroles autres que quelques borborygmes. Seul un sabir polyglotte vient tout de même, à la fin, rappeler que la civilisation n'est pas forcément très éloignée.
La finalité du récit reste toutefois incertaine. Une fois le livre refermé, grande est l’envie de s’écrier : « Et alors ? ».
Ame perdue fut l'une des premières oeuvres de Gregory Panaccione. On suit les aventures d'un petit être dans un monde où la nature est très hostile. On a froid et on a peur pour ce petit personnage mignon tout plein. On ne sait pas à quelle époque on peut situer ce récit. J'avais opté par le Paléolithique supérieur mais je me suis visiblement lourdement trompé.
Là encore, on croit qu'il s'agit d'une bd totalement muette mais cela ne sera pas le cas. Il est vrai qu'il y a une bonne centaine de pages qui défilent sans le moindre dialogue dans ce monde froid et terrifiant. J'ai bien aimé la mise en image, le graphisme, les couleurs ainsi que la tournure que prend les événements.
Là encore, on sentait que l'auteur a un formidable potentiel et qu'il n'a pas déçu dans ses oeuvres postérieures. C'est plus qu'un brillant exercice de style. C'est une découverte et presque une consécration.