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ouze mille ans avant notre ère, le continent Antarctique est libre des glaces et des civilisations y prospèrent. Dans la capitale du royaume d’Antarcie, Kaarla, la première dame, mène une traque dans le palais royal. Son but est d’éliminer la suivante Tanderine, ses proches et surtout son fils, bâtard du roi qui gêne pour la succession au trône. Sozer, un homme surgi de nulle part, va soustraire le nourrisson à la haine de l’ambitieuse intrigante.
Jaemon est une réédition d’une série déjà sortie précédemment chez Les Humanoïdes Associés sous le nom d’Antarcidès. Cette publication bénéficie d’une nouvelle couverture, plutôt réussie, et d’une colorisation refaite.
Le pitch a tout pour séduire l’amateur de Fantasy. Pensez-vous, un contexte rappelant les « péchés mignons » de Robert E. Howard. Il y a la Terre avant notre époque et des nations qui se sont développées jusqu'à un grand cataclysme (l’Âge Thurien et l’Âge Hyborien imaginés par le créateur de Conan). S’y retrouve également l’opposition de la sauvagerie et de l'évolution, avec une préférence pour la « noblesse » de la première, l’auteur précité écrivant que « La barbarie est un état naturel chez l'homme. La civilisation n'est qu'un accident, une brève parenthèse. La barbarie finira par triompher.» Enfin, à l’évocation de la Valusie, certains ne manqueront pas de penser à Kull, le roi atlante. Vous y ajoutez une intrigue liée à la lutte pour la souveraineté - simple hein, ne vous attendez pas à du George R.R. Martin (Le Trône de fer) -, et c’est là que le bas blesse.
Ce genre d’aventures ne s’embarrasse pas avec la complexité mais demande en échange de la flamboyance, un soupçon de démesure, que la légende soit plus belle que la réalité finalement. Si vous préférez ancrer votre récit dans la real politique, il convient de donner un peu d’épaisseur à la toile de fond et de profondeur aux protagonistes. Rien de tout cela ici. Sans être pour autant déplaisant, la narration est beaucoup trop linéaire et manichéenne : le drame initial, le complot de la méchante (rien à sauver) reine, la découverte des gentils sauvages, le raid militaire pour supprimer le gosse gênant. Seul le final laisse entrevoir des possibilités de développement intéressantes à travers le personnage de Sozer. Qui est-il, quels sont ses pouvoirs, quel intérêt a-t-il à risquer sa vie pour l’enfant naturel d’un roi incompétent ?
Le dessin laisse aussi sur sa faim principalement du fait de l’utilisation de grandes cases alors que les décors sont minimalistes, voire totalement absents, au profit d’aplats de couleurs ou de blanc. Il en ressort une impression de vide quelque peu dérangeante.
L'action se déroule il y a 12 000 ans sur le continent Antarctique dans un univers d'heroic-fantasy. Le scénario et le dessin sont vraiment classiques mais c'est plutôt bien fait et l'album se lit avec plaisir.
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******************** ATTENTION *********************************************
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Réédition de la série "ANTARCIDèS"