L
a nuit de son initiation, la nuit d'Unkui, la nature est en folie. Luuna se lance à l'attaque des sachems maudits qui tentent de réveiller le démon avant de rencontrer son totem. Cette fois-ci, au lieu des habituels loups noir et blanc, il se matérialise dans un être unique de couleur grise. La jeune fille a réussi son voyage dans le temps : la malédiction est levée. Mais bien vite, les cauchemars reviennent et, obsédée par la venue des Vikings, Luuna commet à nouveau l'irréparable, seulement cette fois, elle ne pourra plus accuser le mauvais sort de l'y avoir poussée.
Avec ce huitième tome en forme de remake, la boucle semblait bouclée. Or c'est un autre cycle qui démarre. Revenue dans son passé, Luuna tente de rejouer à son avantage les événements du premier volume. Malheureusement, le charme qui avait séduit les premiers lecteurs de La nuit des totems semble brisé. Kéramidas se serait-il cassé le poignet ou a-t-il embauché un stagiaire maladroit ? Truffé d'erreurs anatomiques (cou disproportionné, dos désarticulé, épaules et bras de catcheuse qui redeviennent normaux quelques cases plus bas), son trait anime une Luuna haineuse, méconnaissable par son expressivité réduite à un abominable rictus. À demi hystérique, ravagée par la colère, elle crie, tempête et bastonne de façon mécanique. C'est peut-être un effet voulu par les auteurs de traduire ainsi la corruption de leur personnage. Hélas, ils y perdent en empathie. En effet, il devient difficile d'éprouver de l'attachement pour cette Paumanok excessive, arrogante, devenue quasi inhumaine, et même à la fin, lorsqu'elle découvre la cause de son infortune, le « Vas-y, saute, tu manqueras à personne » sonne comme une révélation. Par les épreuves qu'elle a traversées, Luuna est devenue détestable, et pas seulement aux yeux de ses amis Pipintus. Décevant, car le cadre demeure somptueux et magique à l'instar de l'apparition surnaturelle d'Heyoka, l'esprit menteur.
Avec son arrière-goût de bâclé, le dernier opus de cette fantasy amérindienne emblématique aurait mérité un peu plus de travail tant sur le dessin que sur la psychologie de son héroïne. Dommage.
Lien vers la chronique du tome 4
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