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ean, Miguel, Adrien et Honoré sont bien décidés à fuir les « Marronniers ». En se servant de la relation que Jean a établi avec Angèle, le fille du directeur, en tirant les leçons de leurs échecs passés et en peaufinant leur connaissance de l’organisation du pénitencier, un plan voit le jour. Des dissensions entre Honoré et Adrien et la présence du Marbré risquent de compliquer leur projet. Toutefois, les jeunes hommes s'endurcissent et sont prêts à tout pour quitter ce lieu de souffrances et d’accablement.
Les deux premiers tomes décrivaient les conditions de vie dans cette colonie pénitentiaire pour adolescents. La peur, le sadisme, l’injustice et la cupidité règnent en maîtres dans et autour de ce monde carcéral. Le désespoir les gagnant, les détenus commettent des actes désespérés leur valant des mesures de rétorsion de la part des gardiens et même de leurs codétenus. Dans la conclusion de ce triptyque, l’espoir renaît. Les quatre principaux protagonistes ont mûri, sont devenus plus forts, plus discrets et réfléchis. La réussite de leur cavale ne semble plus impossible. Ils vont utiliser toute leur expérience et leur roublardise pour atteindre leur objectif, quitte à enterrer les rancœurs et autres désirs de vengeances personnelles.
Certes, l’épisode de l’évasion n’est pas un thème d’une folle originalité, cependant, Laurent Galandon insiste moins sur la technicité de l’acte que sur les relations humaines qui vont permettre sa réalisation. Sans jamais verser dans le pathos ou le voyeurisme, il continue d’intéresser le lecteur au devenir des quatre héros. Cette empathie pour ces « innocents coupables » s’appuie également sur la qualité du travail d’Anlor. Première bande dessinée pour la jeune femme, sa progression tout au long des trois opus est très nette. Dans cet album, les visages et l’expressivité sont encore mieux maîtrisés, de même que la colorisation. Bénéficiant d’un découpage habile, le rendu est toujours sobre, efficace et fluide.
Une fin rythmée et réussie pour une série bien construite, accrocheuse et distrayante.
L’union fait la force et la bravoure se conjugue au pluriel. Échappée belle pour des minots au plan audacieux. Fortunes diverses en guise de clap de fin. Une aventure humaine qui traite avant tout de la solidarité comme pour mieux mettre en lumière le destin majeur d’une poignée de mineurs.
Une prison pour ados, avec toute sa galerie de personnages en souffrance qui rêvent à une vie meilleure, loin des codétenus, des petits caïds et des gardiens zélés. Un très bon triptyque, passionnant de bout en bout, bien dessiné et qui se laisse dévorer d'un trait.