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n l’an de grâce 2010, alors que la crise pointe son nez, la respectable maison d’édition Les requins marteaux se lance dans un projet assez olé-olé : la création d’une prestigieuse collection délicieusement nommée BD cul. En d’autres termes, le cul, c’est vendeur (mais si, mais si...) et c'est aussi l'occasion de prendre du plaisir à peu de frais, alors allons-y gaiement en mode littérature de gare, format livre de poche. Le dernier album paru à ce jour, La bibite à bon Dieu est sans aucun doute celui qui s’inscrit le mieux dans ce - vaste - concept.
Dessin cradingue de rigueur, humour potache, Bouzard livre une pépite que ne laissaient pas espérer ses dernières parutions, un rien engoncées dans un cadre trop balisé pour celui qui était, il y peu encore, l’altier Ramon. Comme quoi, le Viagra fait des miracles. Et c'est une grande joie de retrouver un auteur qui prend son pied, libéré de ses chaînes. Pour autant, cet homme vertueux se garde bien de céder à une quelconque facilité ou, encore pire, à la vulgarité. Non, rien de tout ça, il s’amuse, bêtement, certes, et c’est communicatif : ouvrir ce bouquin, c’est prendre le risque d’être pris par une irrépressible fou rire. Chacun jugera de la pertinence de s'adonner à cette sainte lecture dans le métro à une heure de pointe…
Que dire du contenu ? Le père Guillaume - ça ne s’invente pas - vient remplacer le père Lucas dans le petit bourg de Saint-Guillaume (prémonitoire ?). Dans ces terres où les hommes sont aux champs ou à la chasse, les femmes s’ennuient. Face à cette souffrance, le jeune fougueux ne sait pas y faire et, pire, est tourmenté par ses mauvaises pensées, au point de se violenter pour lutter contre ce qui ne peut être que l’œuvre du Malin. Heureusement, Dieu est amour et va prendre par la main son jeune disciple afin de lui rappeler les fondements de son message. Et, si les voix du seigneur sont impénétrables...
Enfin, à la manière de Marc-Antoine Mathieu, Bouzard met son éditeur à rude épreuve, lui imposant d’insérer une excroissance au sein de son ouvrage. Mais rendons à César ce qui lui appartient, dans la collection BD cul, c’est Nine Antico qui avait ouvert la voie, exigeant, elle, un trou. Diable !
Ami de la gaudriole, La bibite à bon Dieu est pour toi un don du ciel.
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