A
rles, 1er siècle de notre ère. Vitalis boit trop et joue trop, de ses dés comme de ses poings lorsqu'il perd. Il accumule les dettes et les ennuis tout en devenant indésirable pour ses employeurs. Seul Atticus lui propose du travail, un travail qui, pour un homme libre, n'est qu'une déchéance sociale.
Dans ce deuxième tome, pressé par Carmilia, son épouse, dont la grossesse est perturbée par les soucis qu'il lui cause, Vitalis a accepté de renoncer à sa liberté pour entrer dans la familia gladiatorum. Le bonheur semble lui sourire avec la naissance d'un fils viable et l'abandon de ses mauvais travers, mais ce ne sera qu'un bref répit avant que son passé ne le rattrape. D'abord, les anciens créanciers, dans l'ombre, et surtout son beau-père, chef des nautes de la ville, qui obtient le divorce pour sa fille et reprend cette dernière avec son bébé, altèrent la situation. Il ne reste plus à Vitalis qu'à combattre pour racheter son engagement. L'occasion va se présenter avec l'inauguration du nouvel amphithéâtre et des Jeux somptueux qui s'y préparent. De son côté, Neiko, son jeune beau-frère, a réussi à extorquer la promesse de pouvoir s'embarquer sur un bateau pour la première fois.
Assistés par des archéologues et reconstituteurs locaux, spécialistes de la période gallo-romaine, Laurent Sieurac et Alain Genot ont pris le parti de restituer l'Histoire au plus près des recherches récentes, bien loin des interprétations douteuses du XIXème siècle et des fantasmes de Hollywood. Le récit s’intéresse aux petites gens, les quatre-vingt-dix-neuf pour cent de la population ignorés des fresques historiques, et aux détails de la vie quotidienne. Dans les deux premiers tomes, il n'y a ni orgie, ni scènes de violence gratuite, ce qui peut surprendre sur un sujet qui traite de la gladiature. Celle-ci est décrite au plus proche de la réalité, celle d'athlètes de haut niveau qui combattent la plupart du temps avec des armes non létales. La colorisation en sépia dresse une ambiance à la fois nostalgique et vivante de son sujet. Le lecteur aura l'impression d'arpenter les rues d'Arelate, comme si le dessinateur y avait posé son matériel pour photographier sur le vif ses figurants. Leurs émotions et leurs dilemmes sont rendus avec une sensibilité qui les rend si proches et si vivants au point de pouvoir imaginer leur souffle sur le papier. Petite cerise sur le gâteau, à la fin du volume, un cahier documentaire et graphique d'une dizaine de pages développe le contexte de l'album.
Une bande dessinée rare et intelligente qui mérite d'être mise en avant, à la fois pour la qualité de ses dessins et de son scénario, mais aussi pour la précision de la reconstitution de l'époque qui en fait une vraie machine à remonter le temps.
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