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ersonnage emblématique de la bandes dessinées québécoise, Red Ketchup, indestructible agent du FBI nourrit à l'antigel et aux stupéfiants variés, est présent sur les étales depuis le début des années quatre-vingts. Originellement personnage secondaire des aventures de Michel Risque, il a rapidement éclipsé ce dernier pour voler de ses propres ailes. Après une demi-douzaine d'albums publiés des deux côtés de l'Atlantique, les éditions de La Pastèque propose une intégrale bienvenue qui regroupe les différents dossiers du plus azimuté des barbouzes d'Oncle Sam.
Mélange entre la créature de Frankenstein et Arnold Schwarzenegger, le héros créé par Réal Godbout et Pierre Fournier ne fait pas dans la dentelle. Le ton est à la satire, à l'énorme et au non politiquement correct. Les scénarios, imbibés de films d'action musclés (pensez Rocky III, Portés disparus I, II, etc.) et à la politique des années Reagan, explorent et déforment par l'absurde l'esprit tout conquérant des USA. Souvent au grand dam de ces supérieurs, Red prend à bras le corps (la tête, les jambes aussi) des missions improbables peuplées d'agents soviétiques et autres savants fous. Godbout parodie son époque avec délice et férocité. Le temps passant, certaines histoires ont évidemment perdu un peu de leur impact, mais, même si certaines références sont devenues absconses, le ton déjanté et l'irrévérence du propos continuent à faire mouche.
Si le fond est à l'exagération, les dessins empruntent une voie plus classique. Tel Joost Swarte ou Exem, Réal Godbout utilise une ligne claire des plus léchées pour narrer ces récits au vitriol. L'association entre un graphisme suivant le canon hergéen et un contenu décalé donne du pétillant aux pages. De ce fait, le dessinateur peine quelque peu à imposer son propre style. Résultat, certaines situations, certains faciès sentent le déjà-vu, comme si le pastiche prenait le pas sur la création pure.
Réjouissez-vous, Red Ketchup est de retour et il est en pleine forme !
Ce classique de la BD québécoise qui a débuté dans les années 80 ne m'inspirait guère, mais c'était meilleur que prévu!
En général, je n'aime pas trop les histoires qui n'ont ni queue ni tête où les situations se succèdent sans logique et sans fil conducteur. C'est ce à quoi je m'attendais avec Red Ketchup, mais finalement il y a quand même une histoire à suivre au fil des albums.
Le personnage de Red Ketchup est complètement cinglé. D'abord, c'est un idiot fini facilement manipulable qui ne cherche qu'à accomplir sa mission. Gentil ou méchant, ça dépend de qui lui donne des ordres. Il tuera n'importe qui et n'importe quoi sans distinction, et comme il est quasi invincible... Beaucoup d'innocents meurent quand ils le croisent -- infirmières, passants, vacanciers -- et pourquoi pas décimer un banc de manchot au complet tant qu'à y être?
C'est complètement déjanté, donc il faut aimer le style. Moi, ça peut me plaire... quand il y a une histoire au moins quelque peu cohérente! De ce côté, Red Ketchup surprend. La trame narrative est plus recherchée qu'on pourrait le croire de prime abord. J'ai particulièrement aimé l'histoire sur ses ancêtres qui faisaient partie d'un ordre secret qui tente de se renouveler dans le présent.
Ce n'est pas du grand art, mais quand même! Parfois, des dialogues bien écrits m'ont fait rire; d'autres fois, j'en ai trouvé certains niais voire inutiles, servant à expliquer au lecteur ce qu'il sait déjà grâce au dessin, par exemple.
Mais finalement, j'ai trouvé ça assez divertissant pour vouloir lire la deuxième intégrale!