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ireille Balin, star éphémère du grand-écran et Vincent « Young » Pérez, petit gars de Tunis devenu champion du monde de boxe, se croisent dans une soirée mondaine. L'idylle est passionnée, mais sans lendemain. L'Histoire reprend ensuite la main : il est juif, elle succombera aux charmes d'un officier nazi...
Double portrait croisé, À l'ombre de la gloire suit la marche classique de ceux qui, après avoir touché les sommets, chutent tragiquement. Après une mise en abyme effroyable, Denis Lapière (Mauro Caldi, La femme accident) revient en arrière et narre soigneusement ces deux destinées aujourd'hui oubliées du grand public. La biographie (naissance, enfance, carrière) est relatée dans les règles de l'art et d'une manière très agréable, malgré quelques longs récitatifs. Par contre, le créateur de Luka pèche dans le récit de la relation, certes courte mais apparemment décisive pour Pérez, entre les deux tourtereaux d'un soir. Sans complètement manquer sa cible, le scénariste ne parvient pas à sublimer son propos et à offrir une plongée convaincante dans les psychés de ses protégés d'un album.
Presque plus peintre que dessinatrice, Aude Samama (Lisbonne dernier jour, Amato également avec Denis Lapière) illustre cette histoire tout en nuance. Associant la richesse chromatique de la gouache et le rendu tout en douceur propre aux pinceaux, elle propose une vision de l' Entre-deux-guerres des plus personnelles. Évidemment, ce choix esthétique n'est pas adapté pour toutes les situations. Les matchs de boxe, par exemple, manquent particulièrement de mouvement dans le trait. Heureusement, la mise en scène extrêmement léchée permet de contourner ces petits défauts et rend la lecture des plus plaisantes.
Très conventionnel dans son approche, À l'ombre de la gloire devrait séduire les amateurs de destins tragiques et de vedettes d’antan.
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