L
a journée s’annonce radieuse lorsqu’un homme à la barbe blanche s’apprête à quitter sa demeure et sa belle compagne pour un rendez-vous important. Mais, au rez-de-chaussée, un groupe l’attend pour le transpercer de coups d’épée. Plus tard, agonisant, Francisco se souvient. Des années plus tôt, lui, Pizarro, a arraché au roi d’Espagne le droit de monter une expédition pour gagner la fabuleuse cité inca de Cajamarca et en rapporter épices, esclaves et surtout l’or qui y coulerait à flot. Néanmoins, il doit composer avec la présence de son rival, Diego de Almagro. L’inimitié entre les deux conquistadores, les dangers de la traversée et l’hostilité des contrées où les navires accostent ne tardent pas à se répercuter sur le moral des cent-quatre-vingt membres de l’équipée qui manquent déjà de vivres.
En 1531, Francisco Pizarro (1478-1541) débarquait sur les côtes péruviennes afin d’entreprendre la conquête de l’empire inca au nom de la Couronne espagnole. Il devait mourir assassiné une décennie plus tard, non sans avoir tracé des sillons sanglants durant la colonisation des terres andines et acquis une réputation durable de cruauté. Le personnage, a priori, ne suscite guère la sympathie. Mais, à travers lui, se dessinent toute une époque, une volonté, de même qu’une fièvre inextinguible : celle des richesses supposées, et parfois avérées, que recelaient les villes des mirifiques civilisations amérindiennes.
C’est cet attrait pour l’or, si convoité et si nécessaire au financement des guerres en Europe et des fastes de la Cour de Charles Quint, que Jean-François di Giorgio choisit pour être le levier d’un triptyque historique consacré à Pizarro et à son œuvre conquérante. L’idée n’est pas mauvaise et vient titiller la curiosité de ceux qui, aujourd’hui encore, s’étonnent que de si petits groupes d’individus, certes aguerris, soient parvenus à bousculer et renverser des puissances aux contingents bien plus conséquents. Sans parler de l’émerveillement toujours palpable que ces contrées sud-américaines procurent.
Las, la lecture de ce premier volet déçoit assez rapidement. En effet, la vision que le scénariste a de cette vaste entreprise se révèle non seulement quelque peu tronquée, mais aussi dépourvue de repères géographiques et temporels précis et, surtout, d’un terne classicisme. Ainsi, le procédé visant à ouvrir l’album sur l’image du héros vieillissant pour introduire ensuite un flashback souffre d’un air de déjà-vu, bien qu’il soit efficace. De même, les personnages manquent cruellement d’épaisseur et s’avèrent singulièrement plats, quand leur utilité n’est pas simplement sujette à questionnement comme pour la compagne d’Almagro. En revanche, il faut bien admettre que, malgré certaines lacunes et quelques approximations, Jean-François di Giorgio est arrivé à transmettre plusieurs caractéristiques de Pizarro – analphabétisme, poigne de fer, volontarisme – et à bien rendre compte de certaines péripéties de cette expédition.
Ce récit aux dialogues un peu mous est relevé par le graphisme, plus inspiré, de Giancarlo Olivares. En plus d’une couverture éloquente, le dessinateur livre quelques belles planches que rehausse la mise en couleurs d’Hugo Sebastián Facio García. Les scènes maritimes, notamment celle de la tempête, sont plutôt réussies, ainsi que la toute dernière page montrant une citadelle surplombant la mer. Le réalisme et l’expressivité du trait, le découpage précis et aéré, ainsi que le dynamisme de la séquence de bataille sont agréables. Cependant, quelques imperfections viennent déparer l’ensemble, comme le côté trop juvénile de Pizarro ou celui caricatural du cardinal qui le reçoit ou du personnage qui accompagne ce dernier et qui pourrait être (un drôle de) Charles Quint.
Pâle introduction pour une aventure aussi incroyable que celle que prétend narrer L'or des fous.
Il est toujours intéressant de voir des récits qui racontent comment les conquistadors ont pris possession de tout un continent qu'ils ne connaissaient pas. Il est vrai que leur quête d'or et de pouvoir a conduit à la disparition de toute la civilisation Inca.
En l'espèce, il s'agit de conter le récit historique du célèbre Francisco Pizarro et notamment sa troisième expédition après l'échec de deux dernières. La couverture est magnifique mais l'intérieur de ce premier tome n'apporte pas toutes les promesses. Il manque un peu de souffle et d'épaisseur. Cela se lit beaucoup trop rapidement.
Bref, un peu d'audace et d'originalité n'auraient pas fait de mal. Pour autant, on peut souligner la qualité du dessin réaliste avec un souci du détail notamment dans les plans larges assez soignés. Il est bien dommage que cette dimension épique soit absente.
Magnifique, pour le graphisme et la trame, j'ai adoré, je recommande à lire bien plus que le conquistador de dufaux.