E
n 1638, un navire essuie une terrible tempête au large du Japon. À son bord, la femme du marchand Velayne meurt en accouchant d’un garçon, Antoine, tandis qu’au même moment, le capitaine sauve un samouraï naufragé. Vingt ans après, entraîné par Masao, son mentor, l’enfant est devenu l’une des plus fines lames de Paris et loue son épée pour vider des querelles ou réparer des torts. Un métier qui ne tarde pas à l’entraîner dans une sombre affaire où se succèdent les meurtres et qui impliquent des alchimistes, un dangereux Espagnol, une venimeuse et charmante émissaire, un petit voleur, un curieux sac rempli de dents et de mystérieuses figures de la Cour…
Héros jeune, désinvolte et escrimeur averti, ami et maître grisonnant aussi calme qu’intègre, rivaux infatués mais aussi accrochés que des sangsues, personnages fourbes et sans scrupule constituant de futurs ennemis, étranges manigances aux relents soufrés, l'ensemble saupoudré d'une pointe d'humour et enrobé d'une verve joyeuse. Emmanuel Herzet (Alpha Premières armes, La Branche Lincoln, Centaures, Narcos) a rassemblé tous les éléments – le zeste de romance en moins, en tous cas pour le moment – nécessaires à un bon récit de cape et d’épée. Dans ce premier tome, le scénariste plante le décor et introduit efficacement les nombreux protagonistes. Il prend soin par ailleurs de bien ménager le suspense autour des menées de don Cañarevo, puisque les interrogations sont aussi nombreuses à ce sujet au début qu’à la fin de l’album et que la curiosité s'en trouve durablement titillée.
Suivant une narration bien rythmée, l’histoire se déroule sans heurt et s’avère riche en péripéties. Toutefois, elle reste plutôt classique et il est possible de regretter que, par exemple, les origines de Masao ne soient pas plus mises en valeur, le Japonais demeurant assez en retrait après l'ouverture. Graphiquement, Alessio Coppola (Jimmy Jones) livre un copie agréable et vivante. Rehaussé par la colorisation de Vyacheslav Panarin (Assassin, Nirvana), son travail, réaliste, s’appuie essentiellement sur un découpage précis et fluide, une grande expressivité des visages – le dessinateur campe de véritables trognes –, un dynamisme certain des postures et une recherche appréciable dans les décors et les costumes.
S'il ne sort pas beaucoup des sentiers battus, ce premier tome de Duelliste fait largement honneur au genre de cape et d'épée et procure un bon moment de détente. C'est largement suffisant pour que le lecteur s'y arrête plus qu'un instant.
Poster un avis sur cet album