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ans les années 50, on parlait de viande froide. Aujourd’hui, Rudy, Romuald et Mathilde parlent de pizza. Autres temps, autres mœurs alimentaires, le roast beef a cédé la place au knacking. Le problème reste pourtant le même : comment se débarrasser de l’encombrant « paquet » ?
Voilà l’une des bonnes surprises de la rentrée. Une dose de comédie dans la collection Hostile holster d'Anakama qui, après quelques albums, se révèle d’une intéressante diversité dans la catégorie Polar. Pizza roadtrip peut apparaitre comme une énième variation sur le thème du « cadavre sur les bras », cependant, le traitement qu’il propose, sa construction et surtout le ton, tant du point de vue graphique que de la façon de s’exprimer des protagonistes, lui donne une vraie dynamique et une grande fraîcheur.
Plusieurs points forts à relever : la « patte » de Cha, désormais immédiatement identifiable, qui file la pêche aux personnages comme au plus banal des véhicules. Le choix fait pour la mise en couleurs, pas révolutionnaire mais d’une efficacité garantie : pour le présent prise-de-tête, le noir et blanc hormis de l’orange pour la kangoo des livreurs de pizza et du rouge pour l’hémoglobine ou la colère noire (!) ; pour les flashbacks, les couleurs. Les dialogues, percutants et naturels, ont aussi la bonne idée de reprendre des éléments de langage disons urbains en les rendant lisibles pour limiter les à-coups de lecture, y compris pour les ieuv de Province. Enfin, le fait de jalonner le parcours de confidences faites au lecteur, ces choses que chaque membre du trio s’est bien gardé de dire aux deux autres, confèrent un tempo indispensable pour maintenir l’intérêt lors d'un ou deux passages un peu plus faibles (la crevaison).
Bilan : la vraie galère initiale (et finale) est une partie de plaisir une fois couchée sur le papier. ‘fin, question de point de vue.
Il faut savoir reconnaître des auteurs de talent quand on les voit à l’oeuvre. El Diablo et Cha le sont incontestablement comme le prouve d’ailleurs leur dernière série Un homme de goût. Leur précédente œuvre que voilà possédait déjà un graphisme et une construction de scénario sans faute. Certes, on pourra me dire que la pizza est loin d’être de la haute gastronomie mais là, c’est une véritable tuerie. Oui, il faut être un homme de goût !
L’ouvrage en soi a été publié de manière impeccable avec un papier de haute qualité. Bref, l’emballage de cette pizza sera dans un carton de qualité. Rudy, Mathilde et Romuald sont les trois principaux protagonistes de ce thriller qui se joue presque en huis clos et dont l’objectif est de se débarrasser d’un encombrant paquet. On pourra reprocher un langage de cité un peu vulgaire mais ne faut-il pas vivre dans l’air du temps ? On se laissera aisément embarquer dans cette histoire mêlée de quelques flash-back.
Au final, nous saurons si la pizza a bien été livrée mais surtout qui l’a commandée. Et cela vaut le détour.
Une fois que l'on a accepté cette forme graphique particulière des personnages (absence de nez) on se laisse porter par ce road movie excellemment mené. Au final, j'ai adoré
Un roadtrip façon lascars
Rudy, Romuald et Mathilde nous embarquent à bord de leur kangoo, dans un road-movie façon lascars des cités. Ils vont nous rejouer le plan foireux du cadavre sur les bras avec son lot de situations ubuesques servies ici par des dialogues ciselés et des formules qui claquent.
Dans cette aventure courte et légère, le scénario dévoile des liens labiles qui lient les 3 amis. Mais le personnage principal de cette BD reste LE banlieusard, dépeint ici de manière un peu trop caricaturale.
Le dessin est singulier : un noir et blanc épicé par un orange fluo, et des visages … sans nez ! Le résultat est sans doute simple et surprenant mais c’est tout à fait réussi.
Alors la pizza sera-t-elle bien livrée ?
http://bdsulli.wordpress.com/
Le dessin attire avec des personnages très typés une fois qu'on a intégré cette curiosité qu'ils n'ont pas de nez, et la mise en scène dynamise le récit. Les apartés de chaque protagoniste qui cache quelque chose sont bien vus et apporte un peu de surprise. Les dialogues sont quelquefois savoureux. Pourtant à l'arrivée je suis un peu déçu, l'impression de ne pas être allé au bout, et d'une fin en queue de poisson.
Une sensation de promesses non tenues.