B
ruce, vingt-sept ans, frère aîné de Blanche Mc Dell, a été inhumé récemment. La jeune femme se souvient. Tout a commencé lorsqu’Ingus Limb est venu en ville pour avoir une explication avec Bruce Mc Dell, coupable de trop s’intéresser à sa sœur. Une altercation, Ingus en aura une mais avec Loup de pluie, un Indien ami de Bruce, et y laissera sa peau. Bruce, fils de Vincent Mc Dell, homme riche et influent, va soustraire Loup de pluie au jugement des Blancs, souvent peu regardants sur les circonstances lorsqu’un visage pâle est tué par un Peau-Rouge. Cela va provoquer l’ire de « Ma » Limb qui tient à venger son fils. Elle charge sa fille de s’en occuper et de prévenir les Cody (un père et trois fils), des bêtes sauvages racistes sans foi ni loi, en dehors de celles de leurs colts. Pendant ce temps, au cours d’une de ses pérégrinations dans la forêt, Jack Mc Dell, le cadet, fait connaissance avec Petite Lune, une jeune Indienne avec laquelle il noue une relation. Or la jeune femme est déjà convoitée par Loup de pluie.
Dufaux bâtit un récit dont les piliers sont deux des sentiments les plus puissants qui animent l’humanité : l’amour et la haine. Autour de trois familles, il créé un ballet dans lequel ces deux émotions vont s’entrelacer de telle manière que seule la violence pourra trancher le nœud ainsi formé. Le scénariste chevronné appuie sa narration sur des personnages forts et charismatiques, un zeste de légende amérindienne et un contexte historique solidement retranscrit. Dans ce monde en construction, les États-Unis d’Amérique à la fin dix-neuvième siècle, la réglementation est encore balbutiante et le maniement des armes une méthode pour exercer la (ou sa) justice. Les Indiens sont vaincus, perdus entre intégration et assimilation, et, malgré la philanthropie de quelques-uns, doivent faire face, au pire, à la haine d’une minorité, au mieux, à la lâche indifférence de la majorité.
Fort du sérieux de cette mise en place, l’immersion dans l’épopée se fait facilement, bien accompagnée par le dessin de Ruben Pellejero. Son trait semi-réaliste est attrayant, proposant des protagonistes expressifs et bien différenciés et des décors capables de donner vie à cette tragédie. Il ressort une certaine douceur de ces planches contrebalançant la fureur contenue dans le drame.
Sur une base vieille comme le monde, les auteurs proposent une histoire joliment construite et mise en image.
Pellejero est un dessinateur hors pair. J'aime beaucoup son trait qui me semble presque unique et si reconnaissable à la fois. Je possède quatre de ses oeuvres majeures à savoir Le Tour de Valse et Un peu de fumée bleue..., Le Silence de Malka ainsi que Secrets : L'écorché. Je trouve qu'il y a quelque chose de magique dans son trait qui fait passer le dessin à un niveau supérieur.
En l'espèce, il s'adjoint avec l'un des meilleurs scénaristes de la bande dessinée. Le résultat est fort probant avec des planches magnifiques baignées par une colorisation chaude. On pourra dire que le scénario manque un peu d'originalité mais c'est si bien construit qu'on se laisse embarquer dans cette aventure dans l'Ouest sauvage entre drame et romance.
Le second tome va se révéler un peu moins bon que le premier car trop lyrique. Le récit va se corser un peu en suivant l'histoire de deux peuples qui se combattent ainsi que plusieurs familles. Bref, ce diptyque mérite lecture car c'est un western âpre et dur comme on les aime tout en baignant dans une poésie de l'âme humaine.
Petite séance de lecture en retard, avec ce premier volume de Loup de Pluie,qui trainait dans ma bibliothèque depuis plus de 3 mois.
Tout d'abord, je l'ai acheté au vu du dessin de Pellejero que j'avais surtout apprécié dans le superbe Tour de Valse .
Ensuite,le western est un genre que j'apprécie particulièrement en bande dessinée.
Je dois dire que j'ai été séduit à la fois par le trait magnifique de Ruben Pellejero (en plus les couleurs sont suberbes) et le scénario original de Dufaux, qui signe là une superbe tragédie.
Car même si nous retrouvons les canons classiques du western (les indiens, le saloon, les cowboys, le shérif et les duels) l'essentiel n'est pas là; non il réside dans cette lutte fratricide entre deux familles, sur laquelle se greffe un début d'histoire d'amour entre Jack Mc Dell et Petite Lune.
On oscille sans cesse , à travers les personnages principaux, entre Roméo et Juliette et la tragédie grecque antique, bref du grand art.
En outre la page d'ouverture, en voix off, est superbe.
Un album réussi qui mérite toute votre attention
Un vrai bon western classique avec indiens, histoire d'amour, de famille, sales vilains, digne de John Ford. Ah, le grand ouest, ses rivières fougueuses comme le sang de ses hommes... et ses femmes fortes qui veulent tenir leur rôle. On en redemande !