D
ans les geôles d’Ever Rest, l’Imperator d’Okheania cherche par tous les moyens à faire parler les résistants qui, des semaines plus tôt, avaient kidnappé sa fille unique. Il n’obtient d’eux qu’un nom, Gaïa, celui de son épouse pourtant supposée morte dans un accident. Au même moment, à bord du Vagabond, la princesse Hélénia, appuyée par ses amis Tania, Jasper et Jon, tente de persuader les parents de celui-ci de faire voile vers une clairière où se trouverait sa mère, leader de la rébellion. Le pari est risqué et demande de reléguer aux oubliettes toutes les vieilles croyances concernant la planète et son tapis végétal. Hélas, la prudence semble l’emporter sur un hypothétique espoir de renouveau. Pourtant, le basculement est proche. À Ever Rest, une évasion menée par le capitaine du Poséidon se prépare, tandis qu’à quelques encablures, un allié inattendu s’apprête à combattre son ancien maître.
Raccourcie pour des raisons éditoriales, Okhéania, qui devait compter plus de tomes à l'origine, trouve son dénouement dans ce cinquième volet un peu plus long que les précédents. Cette nécessité de clore l’histoire avec La clairière se fait sentir au travers, notamment, de certains raccourcis et de retournements de situations qui paraissent un peu artificiels ou pas assez circonstanciés. Toutefois, il faut reconnaître qu’Éric Corbeyran s’en est plutôt bien tiré et est parvenu à livrer un dénouement répondant à la plupart des questions soulevées. Si la narration paraît parfois un peu hachée ou précipitée et qu’on puisse regretter que le quatuor des héros ne soit plus autant au cœur de l’action, le lecteur retrouve les grands thèmes de la saga, axés sur l’écologie, le respect de la nature, l’acceptation des différences. De ce point de vue, l’épilogue entre en parfaite résonance avec tout ce qui avait été dit jusque-là.
L’histoire est portée par le dessin fin et agréable d’Alice Picard qui se différencie, ici, de son travail sur Weëna par un trait au rendu plus enfantin. Cela passe par de menus détails, comme des signes visuels destinés à traduire plus fortement certaines émotions et à renforcer l’expressivité des visages, tout en ajoutant une touche de légèreté et d’humour. Le découpage précis et aéré assure une lecture aisée, tandis que les cadrages variés participent au dynamisme d’ensemble. Seul regret, les événements de ce tome se déroulant essentiellement sur la surface de la planète végétale et aux alentours d’Ever Rest, les fantastiques faune et flore d’Okhéania découvertes avec plaisir auparavant demeurent très en retrait. C’est d’autant plus dommage qu’elles contribuaient pleinement à l’enchantement de la série.
De bonne facture, La clairière met un point final satisfaisant à une fable écologique pleine de fraîcheur dont les promesses ont été, en bonne partie, tenues.
À lire aussi :
>>> Chronique du tome 1
>>> Tome 2
>>> Tome 3
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