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près de longues années passées à Naples, dans le sud de l’Italie, Joseph Callander, artiste de talent, revient sur ses terres écossaises en l’An 1743. Même si l’Acte d’Union a déjà été signé depuis quelques décennies, nombreux sont ceux qui ne font pas allégeance à la Maison de Hanovre, représentée par Georges II, roi de Grande-Bretagne. C’est dans une ambiance particulièrement électrique que Joseph rejoint par hasard Blackwater Castle, propriété du Duc de Plaxton qui prend le jeune homme à son service comme peintre ordinaire. Très vite, ce dernier s’éprend de la fille du notable, Amelia, déjà promise à un autre. Emporté malgré lui dans les tourmentes de l’amour et les complots politiques, il tente de s’extirper des pièges qui lui sont tendus.
Pierre Christin (Les 4x4), Jean Van Hamme (Lady S.), Laurent-Frédéric Bollée (Apocalypse Mania)… Les scénaristes de talent avec lesquels Philippe Aymond a travaillé ne sont pas rares. Aussi, quoi de plus logique que de voir cet habitué des planches à dessin se mettre un jour à l’écriture pour réaliser un album complet. C’est en Écosse, au milieu du XVIIIe siècle, que l’auteur a choisi d’asseoir une belle histoire d’amour entre un peintre et son modèle. Prévu en deux tomes, Highlands permet également d’aborder un thème assez peu exploité en bande dessinée, celui du conflit entre Whigs et Tories pour la conquête de la Couronne. C’est dans ce contexte que Joseph Tallander, rapidement élevé au rang de héros pour avoir sauvé la fille du Duc de Praxton, subit ensuite une lente descente aux enfers, à laquelle les deux femmes du château, Amélia et Lynette, ne sont pas étrangères. Fort bien documenté, Le portrait d'Amélia prend fin sur un cliffhanger magistral.
Le dessin réaliste de Philippe Aymond, agrémenté de couleurs réalisées, pour la première fois, à l’ordinateur collent parfaitement à l’histoire. Le jeu de séduction des deux principaux protagonistes s'appuie sur une galerie de portraits qui regorgent de détails permettant de faire passer tout un panel d’émotions. Le tout est conclu par une dernière planche, muette, au pouvoir évocateur remarquable.
Véritable récit d’aventures, Highlands démarre sur les chapeaux de roues et révèle un auteur dans un registre où on ne l’attendait pas forcément. Une réussite.
De mémoire, c'est la première fois que je vois Philippe Aymond en tant que scénariste d'une série. Ici, il est auteur à titre complet. J'avoue avoir apprécié son travail sur la série Apocalypse Mania ou encore Lady S.. Il fait encore partie de cette vieille école préhistorique de la bande dessinée.
Cependant, force est de constater que le dessin n'a jamais été aussi beau qu'en la matière avec une mise en couleur parfaitement réussie. Est-ce le paysage magique des Highlands qui l'inspire à ce point ? Nul ne le saura jamais.
Quelle qualité également dans l'écriture du scénario ! On va suivre ce récit avec intérêt. Il a su éviter toutes les facilités du genre pour donner de l'épaisseur à un récit épique en privilégiant la psychologie des personnages et en n'hésitant pas à mettre le héros dans une situation plus que périlleuse.
Bref, je salue cet affranchissement. On perçoit une évolution très positive de cet auteur. Cet opus le prouve.
Cependant, le second tome m'a légèrement déçu. Cette histoire de vengeance et de complot se complexifie au détriment d'une certaine cohérence. Les décors restent magnifiques et le lot de divertissement est tout de même assuré pour clore le diptyque à la sauce écossaise.
Voilà vraiment un excellent album où se mêlent aventure et contexte historique.
Son cadre n’est pas si courant : on se retrouve dans l’Ecosse de 1743, dans les Highland plus précisément, une période particulièrement houleuse entre les Ecossais et les Anglais qui assujettissent le pays. Les Ecossais sont eux-mêmes divisés entre indépendantistes et ralliés à la couronne, et c’est dans ce contexte que débarque Joseph, un peintre de retour de Naples qui devra bien vite troquer ses pinceaux au profit de l'épée.
A découvrir sans hésitation, je me réjouis de lire le tome 2
Aymond nous entraîne dans un contexte géographique et historique rarement exploré dans le genre. Tous les ingrédients qui forgent les grandes séries sont présents : passions interdites, jalousie, trahison, complot… tout cela sur fond de tensions politiques entre l’Angleterre et l’Ecosse. Le théâtre parfait pour cette intrigue rondement mené dans laquelle l’auteur parvient même à distiller un soupçon de poésie et qui nous fait découvrir chez lui un vrai talent d’écriture.
Côté dessin, son trait réaliste est à la hauteur et plus encore pour décrire ce XVIIIème siècle écossais. La mise en couleur très agréable qu’il réalise ici par lui même est peut-être aussi pour beaucoup dans cette impression.