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iver 1901, bagne d’Ushuaia. C’est ici que l’équipage du Léviathan a échoué. Accusé non seulement d’avoir saboté le baleinier armé par le gouverneur de la région, il l’est aussi et surtout de trois autres actes de piraterie ayant causé la mort de marins ! Autant dire que le procès qui s’annonce est déjà truqué et que nos chasseurs de baleine risquent d’attendre longtemps pour revoir la mer. Heureusement, Esteban, qui a échappé à l’emprisonnement grâce à son oncle Tonto, ne peut faire autrement que de venir sauver ses amis. Attendrissant la femme du général en charge des lieux, il arrive à se faire enrôler dans le corps gardant la prison. Momentanément. Dans huit jours, il partira effecteur ses classes de soldat à La Plata. Huit jours pour déjouer la surveillance du sergent La Paz, son formateur. Huit jours pour aider ses amis à s’évader…
C’est encore un tome sans faute pour Esteban qui s’annonce vraiment comme un futur grand classique de la bande dessinée franco-belge. Découverte dans les pages du regretté périodique Capsule Cosmique, elle est prépubliée désormais depuis le troisième album dans le Journal de Spirou. Tout naturellement pourrait-on dire, tant elle semble coller à l’idéal historique de l'hebdomadaire.
Le talent graphique de Matthieu Bonhomme n’est plus à vanter, celui-ci ayant su au fil des années et des collaborations s’installer comme un des piliers d’une nouvelle génération de dessinateurs. La qualité et l’intelligence du propos sont eux toujours à souligner. Après trois albums profitant des grands espaces marins, passer sans coup férir à un environnement carcéral, clos par définition, aurait pu faire craindre une baisse de régime. Loin s’en faut, et il faut avouer que l’auteur, confronté au classique récit d’évasion, s’en sort haut la main et distille toujours avec autant de réussite ce parfum d’aventure et d’amitiés humaines qui portent l’œuvre.
Esteban est de retour, fidèle à lui-même. Une série qui s’impose comme une évidence tant elle est pétrie de qualités !
Ses compagnons d'équipage retenus prisonniers au bagne d'Ushuaïa, Esteban commet la folie de s'engager dans l'armée pour pouvoir intégrer les rangs des gardiens du pénitencier, et ainsi tenter de faire évader ses amis.
L'ambiance de la série change à partir de ce quatrième tome puisque les aventures maritimes sont abandonnées, au profit d'une action centrée sur un pénitencier. Si le suspense n'est pas tant au rendez-vous (on se doute bien qu'Esteban va finir par trouver une idée pour faire évader ses amis), le scénario est en revanche bien mené. L'histoire se lit avec beaucoup de plaisir, plaisir renforcé par les dessins de Bonhomme toujours aussi délicats.