A
u pays de Lagan, les hommes se sont placés sous la protection des vampires pour échapper aux créatures de l’Enfer qui, de plus en plus souvent, surgissent pour semer la mort et le chaos. Parmi les suceurs de sang, le Clan, composé de Kurt, Lizzy et Albéric, est particulièrement apprécié. Mais, le trio poursuit en secret un objectif bien précis : atteindre une mystérieuse « Porte » qui leur permettra de contrôler les hordes infernales. Parallèlement, Korgan refuse la tutelle des émules de Dracula et élimine ceux qu’il rencontre. Un jour, réchappant de justesse à la vindicte de villageois dont il a tué le protecteur, il rencontre William, un apprenti exorciste en route pour Moore, capitale régionale. Ensemble, ils se dirigent vers la cité, talonnés par des monstres infernaux et, au fil des jours, le jeune conjurateur s'aperçoit que la haine de Korgan pour les vampires semble intimement liée au Clan. Qu'en est-il exactement ?
Encore une histoire de buveurs de sang, se dira-t-on. À raison, car la littérature et le cinéma n’en manquent pas et il devient difficile de faire dans l’originalité quand il s’agit de mettre en scène les descendants de Nosferatu. La touche de singularité instillée par Florence Torta dans Entre chien et loup pourrait tenir au fait que les vampires sont la coqueluche d’une population qui cherche volontairement leur aide, contre un prix mettant en avant, quoique discrètement, le cynisme qui prévaut en une telle alliance. Pour le reste, les éléments de l’intrigue ne sortent guère du déjà-vu et, dans ce premier tome, le récit s’oriente vers une double quête, l’une vengeresse (celle de Korgan), l’autre pour le pouvoir (celle du Clan). Entre les deux, il y a un traumatisme familial et des rapports de force, encore mal définis pour certains, entre les différentes parties en présence.
En dépit de quelques inconnues qui suscitent la curiosité, l’histoire paraît assez rudimentaire, d’autant plus que certaines données, révélées en fin d’album, auraient pu – voire dû – bénéficier d’un peu plus de suspense, tant elles s’avèrent, très (trop) tôt, évidentes. Si la surprise n’est donc pas de mise, la narration, fluide et sans à-coup, assure un bon enchaînement des scènes, en s’attachant, tour à tour, aux pas du héros solitaire et à ceux de ses ennemis jurés. Au dessin, Morgil offre un travail intéressant à défaut d’être parfait. En effet, si quelques perspectives et cadrages laissent à désirer et que l’encrage épais passe plus ou moins bien, l’expressivité des protagonistes est appréciable, tout comme le découpage assez aéré qui garantit une bonne lisibilité. On ne pourra néanmoins s’empêcher de regretter que les décors demeurent relativement basiques. En revanche, la mise en couleur colle assez bien à l’ambiance générale de ce premier tome.
Ni vraiment bon, ni tout à fait mauvais, Sais-tu ce que tu es se laisse facilement lire et n'a rien de désagréable, si le lecteur n'attend qu'un moment de détente rapide.
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