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n 1946, la propagande de Goebbels crée un nouveau héros : le Ritter Germania. Mais la créature échappe progressivement à son créateur puisque quatre ans plus tard, le nouvel emblème de la dictature fasciste entreprend de décimer un à un les hauts dignitaires SS. Mais pourquoi ? Le Brigadeführer Von Treskow, sur ordre de Reinhardt Heydrich lui-même, doit mener une enquête qui s’avère être des plus délicates puisque, désormais, tous les coups sont permis pour qui veut s’assurer les grâces de celui qui survivra au massacre… Le tout est de savoir lequel ?
L’univers de Block 109 s’enrichit d’un dernier album dessiné par Ronan Toulhoat qui se consacrera désormais à une nouvelle série intitulée Chaos Team. Quoiqu’il en soit, la mise en couleur, le découpage (quasi cinématographique) ou le scénario noir à souhait concourent à faire de Ritter Germania l’opus le plus abouti de la série. Une mention toute particulière à l’atmosphère crépusculaire et délétère que les duettistes savent savamment installer et distiller au long de ces soixante-six planches. Ce nouvel album, véritable thriller manichéen, explore les arcanes d’un Reich uchronique où la paranoïa et le cynisme le plus froid conduisent à l’élimination systématique de ceux qui entravent la marche du Ritter, du moins de celui qui le manipule.
Dans un univers riche en références diverses, d’aucuns seraient tentés de voir dans Block 109 et ses spins-off beaucoup de choses, peut-être même trop, mais c’est sans doute en cela que réside l'intérêt de cette série, portée par l’imagination fertile de ses deux jeunes auteurs qui ont su explorer quelques-unes des nombreuses possibilités que cette uchronie leur offrait.
Décidément, je ne suis guère convaincu par l'univers de Block 109. C'est une uchronie qui partait pourtant d'une bonne idée mais qui a été assez mal exploitée à mon humble avis. L'événement divergeant est l'assassinat d'Hitler en début de conflit ce qui va allonger considérablement le cours de la guerre par des hommes plus dangereux encore. Les alliés vont être vaincus grâce à l'arme atomique mais les Russes résistent encore. On sait toutefois que l'histoire va s'arrêter en 1953 avec la destruction totale de la planète.
Je n'ai pas trouvé du plaisir à la lecture de cet opus. Je n'arrive pas à adhérer à ce concept d'un monde en guerre. Ce titre insiste sur les luttes de pouvoirs au sein même du parti nazi. La propagande nazie se retourne contre elle à la fin du conflit. L'intrigue se situe exclusivement à Berlin. On ne ressent pas les effets de la guerre qui secoue la planète. Non, on reste dans un cadre purement intimiste qui dénote avec l'ensemble de la série. A la fin, on va découvrir qui tire toutes les ficelles mais cela laisse de marbre. Bref, je n'ai pas été intéressé par cette intrigue.
Un bel opus de la série Block 109. Un comics de super-anti-héros à la franco (pour les auteurs) teutonique (pour le sujet). Les auteurs ont encore grimpé d'un cran par rapport aux précédents "tomes". C'est efficace et agréable à lire !