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e nos jours, Jonathan Harvester est envoyé au Japon pour écrire un article sur les recherches du professeur Muraki, célèbre pour ses études dans le domaine du sang artificiel. Accueilli par la fille du scientifique, toute recouverte de bandages, et logé dans une réplique parfaite d’un château de Westphalie, le jeune journaliste scientifique londonien va de surprise en surprise. Là-bas, dans l’étrange résidence de son hôte, il est pris d’insomnies et se retrouve en proie à d’angoissants cauchemars. Le jour, au fil de ses recherches à l’université, il découvre l’existence d’un procès mené contre des militaires nippons ayant commis des atrocités en Mandchourie durant la guerre sino-japonaise… un sujet qui l’interpelle, mais qui semble totalement tabou.
Si cette trilogie imaginée par Romain Slocombe et dessinée par Freddy Martin aborde les crimes de guerre japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, tout en multipliant les références à la célèbre œuvre de Bram Stoker (Dracula), les auteurs livrent bel et bien un thriller jouant pleinement la carte du mystère et du suspense. En multipliant les allers-retours entre un présent oppressant, aux frontières de la folie, et un passé qui lève progressivement le voile sur les expériences bactériologiques réalisées par l’Unité 731 sur des cobayes humains, le scénariste distille une intrigue angoissante peuplée d’individus inquiétants.
Alors que le graphisme très photographique de Freddy Martin (Après la guerre) renforce le réalisme de ce récit qui flirte avec le fantastique, offrant ainsi un point d’ancrage au fondement historique du sujet, la colorisation froide et sombre de Vincent Froissard contribue à installer une ambiance envoûtante et menaçante très convaincante.
L’enquête menée par le personnage principal tâtant encore dans l’ombre, il faudra cependant attendre le prochain volet pour comprendre où ces fameuses fabriques de la mort cherchent à emmener le lecteur.
En fan du travail de Freddy Martin (Après la guerre, Serpenters), je me suis tout de suite jeté sur cet album, et je n'ai pas été déçu. Freddy à un très grand talent.
Le scénario tient bien la route et on est vite pris par l'histoire, angoissante à souhait. Rapidement, en voyant évoluer ce journaliste Londonien dans une reconstitution de château allemand au beau milieu du Japon d'aujourd'hui, on se sent prisonnier comme lui, d'autant plus que les prénoms des protagonistes, (Jonathan, Mina, Lucy) l'histoire elle même ( un professeur spécialisé dans les recherches sur le sang) nous rappelle furieusement une autre histoire de sang, dans un château des Carpates, sans pour autant vampiriser (Ah ! Ah ! ) le récit.
L'enquète qui devrait suivre promet d'être haletante.
Une seule angoisse : Freddy Martin à toujours eu du mal à terminer les projets commencés. Alors s'il te plaît, Freddy, tu nous la termines, cette histoire là.