L
a révolution tunisienne à vif, de son étincelle, quand Mohamed Bouazizi s’est immolé par désespoir et rage devant le gouvernorat de Sidi Bouzid, à son épilogue, la fuite du président Ben Ali. La démarche du scénariste n’est pas tant ici de relater les faits avec exactitude que de retranscrire la force des moments clés qui, en moins d’une trentaine de jours, ont provoqué l’effondrement du régime en place. Le "DÉGAGE" scandé dans les rues aura été exaucé.
C’est autour de Foued, un personnage fictif, que le récit est construit. Le jeune homme va suivre les événements qui vont marquer son pays équipé d’un téléphone portable - véritable emblème de ces mouvements en ce qu’il permet. Ami de Mohamed Bouazizi, il est de toutes les manifestations, il voit ce que le peuple tunisien voit, ce que les individus font. Il incarne en quelque sorte les yeux du peuple. Le tout est globalement crédible, contrairement à ce que pourrait laisser craindre la couverture un peu « too much », Foued n’a rien d’un héros, il est juste à l’image de ceux qui ont fait le choix de se soulever, décidé, ce qui en soi comporte déjà une part d’héroïsme dans pareil contexte.
Afin de rendre cet album accessible au plus grand nombre, les auteurs ont clairement opté pour une narration des plus fluides. Passé un démarrage un peu poussif, le récit trouve rapidement son rythme de croisière, alternant des séquences portant sur ce qui se passe dans la rue sous l’œil de Foued, et d’autres, consacrées à ce qui se déroule dans l’atmosphère feutré des hautes sphères sous l’œil de personne. Dans ce registre, Eric Borg verse davantage dans l’anecdotique, dans le supposé, que dans l’avéré, s’attachant essentiellement à donner une certaine idée de ce que pouvait être la déconnexion du clan Ben Ali. Bien plus ancré dans le vu et su de tous, il s’autorise un aller-retour par Paris, direction l’Assemblé Nationale, afin de remémorer l’intervention navrante de MAM proposant le "savoir-faire" français aux forces de l'ordre tunisiennes pour la gestion des manifestations. Exit. Le dessinateur, Alex Talamba, dont c’est le premier album, a effectué un travail sobre, dynamique, au service de ce qui est raconté.
Alors qu’aujourd’hui le recul permet déjà d’avoir un regard un peu plus dépassionné sur cette période où tout a basculé - vraiment tant que ça ? Et pour quoi ? Est-il déjà donné à lire à droite, à gauche -, ce choix d’attaquer de manière frontale son sujet peut déconcerter. Cela, Eric Borg s’en explique dans les dernières pages où il propose une note d’intention et revient sur certains points de son histoire, apportant là un éclairage qui complète de matière pertinente Sidi Bouzid kids.
L’esprit de la révolution tunisienne à la portée du plus grand nombre.
La révolution tunisienne est encore dans toute les mémoires puisqu'elle a commencé vers la mi-Décembre pour se terminer vers la Mi-Janvier. Ce récit reste une fiction qui s'inspire et gravite autour d'évènements et de personnages réels ayant participé à la révolution tunisienne qui allait devenir le point de départ de ce qu'on va appelé communément le Printemps arabe. Après Ben Ali, des dictateurs tel que Kadhafi ou Moubarak sont tombés. Il en manque encore un mais avec le temps, on pense qu'il va tomber. Il faut savoir que ces dictateurs ont réellement du sang entre les mains car les policiers n'hésitent pas à tirer sur le peuple et de ter des enfants, des bébés, des vieillards. Je ne pensais pas que cette révolution tunisienne avait été aussi dure. Les images ne nous seront pas épargnées.
Tout a commencé avec l'acte désespéré d'un jeune kid de la ville de Sidi Bouzid qui s'est immolé par le feu. Pour faire subsister sa mère et ses six frères, il vendait depuis plusieurs années des fruits et légumes dans la rue, avec sa petite charrette, sans autorisation, se mettant ainsi à la merci du harcèlement et du racket de la police et de l'administration ce qu'ils ne manqueront pas de faire en lui confisquant son matériel. Cette immolation allait déclencher à travers tout le pays une vague de protestation. Encore une fois, il y a ceux qui ont tout et ceux qui n'ont rien. Ceux qui ont tout possède une puissante police pour les protéger et matraquer le peuple.
Il est fait référence à cette fameuse scène où une ministre française des affaires étrangères anciennement à l'intérieur, venue passé des vacances dans une station balnéaire dans un pays en crise grave, propose le savoir-faire qui est reconnu dans le monde entier des forces de sécurité pour régler des situations sécuritaire. Le manque de clairvoyance de ce gouvernement a fait honte à notre pays. Bon, il s'est rattrapé par la suite en Libye. Cependant, l'auteur de cette bd n'a pas oublié et raconte en détail les faits.
La scène qui m'a le plus marqué est celle de la visite du président dans l'hôpital où était soigné celui qui s'était immolé par désespoir. Devant les caméras de TV et les médias, il a fait un beau discours plein de compassion. Le médecin-chef est tellement ému qu'il lui dira en aparté à la fin de sa visite qu'il fera tout pour le sauver. Réponse cinglante du président à vie: "qu'il crève !". On est quelque fois beaucoup trop naïf !
J'admire pour ma part le courage du peuple tunisien qui s'est soulevé contre l'injustice en prenant les armes. Il n'y a de toute façon que ce langage qui est possible face à des régimes de terreur et de privation de liberté. J'ai moi-même été dans ce pays alors que j'avais 18 ans et j'en ai gardé de précieux souvenirs avec des habitants très gentils. La question maintenant est de savoir si la révolution n'a pas été volée par des gens qui sont pareilles au fond. Bref, j'ai beaucoup aimé cette bd qui a le courage de montrer les choses telles qu'elles sont ou qu'elles auraient pu être avec toute la crédibilité qui soit. C'est une oeuvre à lire absolument ! Bravo à l'auteur !