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arqué à jamais par une guerre qui a tué tous ses amis, Félix Castelan revient dans son village natal des Pyrénées, après cinq ans d’absence. Mais beaucoup de choses ont changé depuis son départ : son fils a grandi, sa femme l’a trompé, un obus lui a arraché la moitié du visage et, depuis peu, un mystérieux tireur exerce ses talents sur les animaux de la commune.
Il existe des sujets dans lesquels scénaristes et dessinateurs peuvent trouver une inspiration pour ainsi dire illimitée : la Première Guerre mondiale est manifestement de ceux-là ! Sans aller jusqu’à parler d’effet de mode, il convient de reconnaître qu’au cours des derniers mois, nombre d’albums et pas des moindres ont eu comme cadre ou comme thème central la Der des Ders. Ainsi sans souci d’exhaustivité, peut-on citer: Le soldat inconnu vivant, Le pilote à l’edelweiss, Ambulance 13, Notre mère la guerre, Vie tranchées, Papeete 1914… Alors, encore un album sur 14-18 ? Peut-être !
L’intérêt de Pour un peu de bonheur est d’évoquer la Grande guerre, de manière indirecte en jouant sur un registre pour le moins inattendu. Laurent Galandon (actuellement dans le feu de l’actualité avec le 2ème tome des Innocents coupables) choisit donc de traiter le retour au pays de ceux qui vécurent l’enfer des tranchées. Sobrement, habilement, en se jouant des clichés (les commères, l’ivrogne débile, le curé humaniste, le flic parisien…) mais sans en abuser, il brosse un portrait peu valorisant de cette France rurale pour laquelle Felix Castelan est désormais un étranger. Avec modestie et simplicité, il aborde des thèmes forts comme le regard des autres et de soi-même face à l’infirmité, l’amour trahi et le pardon, le temps et les amis perdus. Mais, en scénariste averti, il sait également donner à cette histoire du relief en mettant en scène un autre Poilu, Henri Nivoix, policier manchot rescapé de Verdun, qui enquête sur un mystérieux tireur... Au-delà d’un scénario réussi, Alexandre Daniel sait, par un graphisme et des couleurs particulièrement appropriés, mettre en évidence la complexité des sentiments des personnages… À l’évidence dessinateur et scénariste sont au diapason et confèrent à cet album une réelle profondeur.
Le premier volet d’un diptyque prometteur qui aborde les séquelles laissées par la Grande Guerre de manière singulière et touchante.
Touchant, le scénario et l'histoire sont parfaitement complémentaires: indispensable à tout point de vue.
Un premier tome réussi dans lequel on aborde le retour d'une gueule cassée et les ravages que la guerre a causé tant physiquement que psychologiquement et socialement. C'est traité avec beaucoup de pudeur et d'intelligence, avec l'ajout d'une intrigue policière qui vient "pimenter" le récit, laissant le lecteur se demander comment les 2 histoires vont se rejoindre.
Le dessin est en parfait accord, sobre, évocateur. Le dessinateur joue beaucoup sur les expressions, les attitudes pour refléter les émotions des personnages, pour faire vivre les silences entre les protagonistes.
Très agréable lecture, très touchante.