Malgré nous (Gloris/Terray) 3. Germania

A vec Germania, Thierry Gloris continue de raconter les destinées de Louis/Ludwig, Hilda et quelques autres jeunes gens pris dans la tourmente de la Deuxième Guerre mondiale. Dans ce troisième volume si justement nommé, le scénariste entraîne le lecteur à l'arrière du front, à Berlin, capitale de l'Allemagne nazie. Cet intéressant choix géographique, très rarement utilisé dans les fictions historiques, montre bien que la vie quotidienne des vainqueurs du moment n'était pas si différente de celle des vaincus.

Même si le volume connaît sa part d'action, particulièrement dans sa seconde partie, le ton de l'album se veut avant tout psychologique. Comme dans les tomes précédents, le thème de l'identité (familiale, du groupe, nationale) forme le cœur du propos. Le personnage principal, amnésique et souffrant de stress post-traumatique, lutte pour retrouver sa mémoire, alors qu'une partie de son subconscient fait tout pour oublier les épisodes bouleversants de l'opération Barbarossa. Gloris utilise très habilement ces sentiments antagonistes pour décrire son héros, sans jamais tomber dans la facilité. Malgré cette thématique très cérébrale, le récit est très bien mené et passionnant à suivre. Les événements se succèdent d'une manière très fluide tandis que des seconds rôles, très crédibles - le Docteur Müller particulièrement, mais aussi les résistants du réseau Edelweiss – rendent l'histoire des plus plausibles.

Graphiquement, Marie Terray continue à étonner et à séduire. Son approche à l'aquarelle a gagné en précision tout en gardant la transparence propre à cette technique. Il en résulte une atmosphère générale des plus esthétiques. La mise en page, toujours très sobre, mais resserrée, fait la part belle à l'humain, peut-être au détriment des décors extérieurs. Quelques grandes compositions n'auraient pas été inutiles pour alléger la lecture.

Malgré nous confirme sa place de série à suivre de près. Vivement le tome quatre !