S
uite à l’incendie d’une partie de l’hôpital où ils séjournent, une jeune fille se retrouve à partager la chambre d’un garçon de son âge. Lui, plutôt timide et emprunté, et elle, jolie banlieusarde délurée, vont s’apprivoiser petit à petit, malgré leur différence sociale et de tempérament. Mathieu attend un cœur, Mélina une greffe de rein, mais qui l’ignorerait ne verrait là que deux ados ordinaires, avec leurs déboires sentimentaux, les frictions avec les parents, trop envahissants, ou trop distants…
En dix chapitres, Julien Parra dresse un portrait sensible de ses deux personnages, leur complicité naissante, leur espoir partagé d’enfin trouver un donneur, et de l’attention du personnel médical, de l’angoisse des proches. Dix chapitres séparés par des interludes d’une page chacun, anodins en apparence, ou sans grand rapport avec l’action, mais qui tous contribuent à faire converger l’histoire vers son issue potentiellement dramatique. Autre singularité, une partie des dialogues est en arabe - la famille de Mélina vient du Maghreb –, mais l’auteur a volontairement omis la traduction, pour laisser le lecteur dans la même ignorance que Mathieu (la teneur de ces textes est accessible sur le site de l’éditeur, moyennant un mot clé livré dans les dernières pages). Sans bouleverser la compréhension que le public non arabophone peut avoir des évènements, cet addendum proposé éclaire l’intrigue d’un jour nouveau, renforçant l’impact du dénouement, et donnant plus de profondeur à un récit qui lorgne parfois vers la bluette sentimentale.
Le dessin, sans esbroufe, est plaisant : un trait fin, un encrage peu appuyé, une colorisation sobrement pastelle, mais surtout une attention particulière portée au rendu des expressions des visages, empruntant en ceci certains codes du manga. Vitesse et mouvements sont également traités avec ces mêmes techniques inspirées de la japanimation, pour un résultat assurément contemporain, à défaut d’être véritablement captivant.
Partant d’un sujet potentiellement enclin au pathos, enfants malades et greffes d’organes, l’auteur a choisi un traitement plus léger, se focalisant sur l’intimité des deux héros. Le drame se joue plutôt à l’extérieur, en filigrane, et prend peu de place dans le récit. Chronique douce amère, amours passagères, destinées tragiques, ce cocktail d’émotions devrait emporter l’adhésion au-delà d’un public d’adolescents romantiques.
L'idée me semble bonne mais elle a été assez mal exploitée. J'ai été un peu déçu par cette lecture qui promettait beaucoup plus et qui ne pouvait que me toucher de par son sujet délicat.
Par ailleurs, la pire des invraisemblances concernant le problème de la transplantation des organes, c'est que c'est totalement anonyme: personne ne peut savoir qui reçoit le don. L'auteur ne semble pas être un habitué du milieu médial. Certes. Cependant, lorsqu'on écrit une histoire ayant pour cadre l'hôpital et le don d'organe, on fait tout de même un minimum de recherche pour ne pas raconter n'importe quoi.
Un bon point pour le dessin ainsi que la mise en image plutôt dynamique. C'est assez agréable à lire. L'autre point fort est la psychologie des personnages assez bien travaillé. Bref, tout n'est pas à jeter. Il reste encore quelques progrès à réaliser mais le talent est là.