L
a petite Elsa se réveille en pleine nuit et s’étonne de voir de la lumière émanant du salon. Sa grand-mère y contemple de vieilles photos d’un air bien triste. Encore à moitié endormie, elle s’approche lentement de sa mamie, bien décidée à la consoler. Face au regard insistant de sa petite fille, Dounia accepte finalement de raconter l’origine de sa peine : c’était il y a bien longtemps, au début de la seconde guerre mondiale…
Située en France, sous l’occupation allemande, au début des années 40, l’histoire de ce long flash-back conté par Loïc Dauvillier est probablement connue de tous : le port obligatoire de l’étoile, les humiliations, les changements de mentalité, l’exclusion progressive, la clandestinité, les milices, les rafles et... les camps de la mort. Mais comment narrer cette page sombre de l’Histoire à une enfant ? Comment expliquer les pires horreurs dont est capable le genre humain à un petit bout de cinq ans qui doit probablement encore apprendre la vérité concernant le Père Noël ?
Dès les premières pages, le lecteur est inévitablement attendri par cette fillette qui s’assied sur les genoux de sa grand-mère en lui demandant de lui raconter son mauvais rêve... afin qu’il disparaisse... comme sa maman fait quand elle en a un. Même si les atrocités commises sont souvent indescriptibles et que le cauchemar est bien trop horrible pour être narré à une enfant, Dounia prend son courage à deux mains et s’élance, utilise des mots simples et se contente de suggérer l’horreur, mais entre les lignes de cette histoire qu’elle a tue pendant trop longtemps et à travers le regard innocent d’une enfant, son récit devient encore plus bouleversant.
En partageant les craintes et les angoisses de cette fillette juive séparée de ses parents et cachée pour éviter la déportation, le lecteur découvre non seulement les atrocités commises durant cette période, mais également quelques actes de bravoure de la part de voisins, de paysans et de résistants… comme une sorte de lueur d’espoir qui laisse entrevoir l’autre facette du genre humain.
Visuellement, Marc Lizano s’installe également dans l’univers des enfants, accentuant cette fausse légèreté qui permet de rendre la confrontation avec la dureté des évènements encore plus terrifiante. Ce style graphique fait de grosses bouilles rondes, parfaitement mis en valeur par la colorisation experte de Greg Salsedo, contribue également à rendre Elsa et Dounia extrêmement attachantes.
Réalisé en collaboration avec l’APJN (Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie), ce témoignage s’avère d’une justesse incroyable.
Un cauchemar qu’il ne faut jamais oublier…
J'ai bien aimé la façon d'aborder le sujet, éternel, de la dernière guerre, la traque, la fuite, la survie des juifs, la douleur des familles disloquée, à travers les mémoires d'une grand-mère. Mais vraiment je n'ai pas pu me faire aux graphismes et notamment les grosses-énormes-têtes des personnages : déroutant et grotesque. Moi aussi faudrait que je discute de cet ouvrage avec l'auteur, peut-être que je comprendrais mieux ce choix pour le moins surprenant et me ferait apprécier davantage le vrai message de la BD. Dommage parce que c'est aussi une belle édition que nous offre Le Lombard.
Au départ on peut être surpris par le graphisme, puis au fur et à mesure de la lecture c'est une évidence.... L'Histoire de cette grand mère qui raconte son histoire à sa petite fille est très émouvante. Elle est racontée avec pudeur et beaucoup de sensibilité.je suis enseignant en histoire et cet ouvrage permet de parler à des jeunes enfants de cette période de l'Histoire... C'est un joli cadeau à offrir....je recommande vivement cet ouvrage. J'ai rencontré le dessinateur à Angoulème, Marc Lizano, nous avons discuté de cette BD pendant un bon quart d'heure merci à lui de m'avoir consacré du temps....